Les Classiques

Rétro cyclisme : "Cette photo-finish à l’Amstel Gold Race… J’aurais aimé voir van Aert et Pidcock ex aequo"

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À quelques jours de la bascule vers 2022, l’équipe cycliste de la RTBF jette un coup d’œil dans le rétroviseur et se remémore la saison écoulée. Dans cet épisode, on revient sur les classiques et les grandes courses d’un jour avec Gérard Bulens. "Cette photo-finish à l’Amstel Gold Race est un souvenir particulier", se rappelle notre consultant.

La photo-finish de l’Amstel Gold Race, voilà le premier souvenir marquant de Gérard Bulens quand il retrace la campagne 2021 des classiques cyclistes. Au terme d’un sprint extrêmement disputé, Wout van Aert et Tom Pidcock jettent leur vélo sur la ligne d’arrivée mais impossible de les départager. La photo-finish tarde à arriver, mais quand elle est enfin là, ce n’est pas beaucoup plus clair. Finalement, après de longues minutes d’attente, de stress et d’impatience, le Belge est déclaré vainqueur.

"C’était tellement serré que j’aurais voulu personnellement qu’on les mette à ex aequo et qu’ils montent tous les deux ensemble sur la première marche du podium. C’est un cas quasiment unique. Est-on certain aujourd’hui que c’est van Aert qui a bien gagné ? Je n’en sais rien. Après la course, sur le chemin du retour, je me suis posé beaucoup de questions. L’Amstel Gold Race se déroule aux Pays-Bas et Wout roule pour Jumbo-Visma, la grande équipe locale. J’espère qu’il n’y a pas eu manipulation. Je sais qu’on a hésité dans l’équipe INEOS Grenadiers à déposer une réclamation pour voir si la caméra de la photo-finish était bien placée et avec le bon angle. Je ne vais pas dire que c’est mon plus beau souvenir, mais c’est un souvenir très particulier de cette saison des classiques", raconte notre consultant.

Wout van Aert est-il l’arbre qui cache la forêt du cyclisme belge ?

"Sur les courses d’un jour, Wout van Aert est de très très loin le coureur belge de l’année", enchaîne Gérard Bulens. "On a eu beaucoup de vainqueurs différents cette année et parmi ces vainqueurs, il y avait peu de Belges. Wout en a remporté deux et la plus marquante est Gand-Wevelgem. Là, il a pris la course en mains et pour une fois, il a pu avoir de l’aide d’un coéquipier via Nathan Van Hooydonck. Il faut se rappeler que c’est sa première victoire dans une classique pavée alors que j’ai le sentiment, comme le disent Johan Museeuw et Tom Boonen, qu’il doit être capable de gagner les cinq monuments du cyclisme".

Wout van Aert incontestable donc, mais est-ce l’arbre qui cache la forêt au niveau belge ? "Si c’est l’arbre qui cache la forêt, je pense qu’il y a beaucoup de petits arbustes qui sont occupés à grandir là derrière ! Remco Evenepoel est petit à petit de retour et Ilan Van Wilder pousse derrière, tout comme Cian Uijtdebroeks. Il y a aussi Florian Vermeersch ou Brent Van Moer. On aura des satisfactions avec ces coureurs-là dans les deux années à venir. Et n’oublions pas qu’en 2021, Jasper Stuyven a brillamment remporté Milan-Sanremo".

Et au final, le plus déçu est… Mathieu Van der Poel

Quand on cherche à identifier et isoler l’éventuel coureur le plus déçu après les classiques 2021, notre regard se pose sur Mathieu Van der Poel. Le Néerlandais avait démarré en trombe, en remportant les Strade Bianche. Mais ensuite, ses deux échecs au Tour des Flandres et à Paris-Roubaix ont probablement été compliqués à digérer.

"Il a toutes les raisons d’être déçu. Je me demande s’il n’y a pas eu chez lui une dispersion avec cette grande idée d’aller chercher l’Or olympique en VTT. Cette course s’est finalement transformée en moment très malheureux pour lui à cause de cette chute. D’ailleurs, aujourd’hui, sa blessure au dos n’est toujours pas résolue à 100%. Perdre le Tour des Flandres dans un sprint à deux, alors que l’on connaît ses qualités dans cet exercice, c’est compliqué. Personne n’aurait misé sur Kasper Asgreen. Pour Mathieu, au terme de cette saison, il doit y avoir une grande déception liée aux classiques".

Deceuninck – Quick Step gagne toujours autant

En 2021, l’équipe Deceuninck – Quick Step gagne toujours autant. Kasper Asgreen aux Flandres, Julian Aaphilippe sur la Flèche Wallonne, Davide Ballerini au Nieuwblad. Des victoires oui, mais pas avec des coureurs belges. "C’est dans l’air du temps avec cette internalisation du cyclisme", explique Gérard Bulens. "Pour gagner au haut niveau de grandes victoires, il vous faut un groupe de coureurs très international. Regardez, Lotto-Soudal mise sur le belge. Mais elle ne parvient pas à décrocher de tels succès. C’est quasiment devenu une équipe de formation en fait et c’est une bonne chose aussi d’avoir ce type d’équipe".

Un Paris-Roubaix homérique

Au niveau visuel, le fait marquant est évidemment ce Paris-Roubaix disputé dans des conditions dantesques. Déplacé en octobre, sous la pluie et dans la boue, cet Enfer du Nord 2021 a rendu les coureurs méconnaissables tant ils étaient sales et marqués par l’effort. "Si cette course avait été organisée en avril, nous n’aurions jamais vu de telles images. En réalité, et heureusement, tout s’est bien passé et il y a eu peu d’accidents, peu de coureurs gravement blessés. Avec la date habituelle, je ne pense pas qu’on aurait vu le même vainqueur. En fin de saison, Sonny Colbrelli était magistral, dans la forme de sa vie. L’emmener sur la piste du vélodrome au sprint c’était amener le vainqueur dans un carrosse d’or".

Sur les Ardennaises, domination (quasi) totale de Tadej Pogacar

Les classiques ce sont aussi les courses de type 'Ardennaises'. Et là, Tadej Pogacar a dominé le peloton. Le Slovène s’est imposé en avril sur Liège-Bastogne-Liège et en octobre au Tour de Lombardie. Soit deux monuments cyclistes en plus de sa victoire au Tour de France ! Et dire que 'Pogi' n’a pas pu disputer la Flèche Wallonne (la faute à deux cas positifs dans l’équipe), sans quoi il aurait peut-être fait le triplé.

"Oui, c’est l’homme des classiques Ardennaises. La manière dont il a mené ses deux grandes victoires, c’est remarquable. Il était impressionnant. Après la Lombardie, j’ai eu l’occasion de lui parler un court instant et il m’a dit : 'je n’ai jamais eu peur de Fausto Masnada au sprint, j’étais sûr que j’allais le battre'. C’est peut-être un peu prétentieux, mais en attendant la manière y était. Il va encore nous apporter de très beaux moments dans l’avenir, malheureusement il est Slovène et pas Belge !", regrette avec humour Gérard Bulens.

Le titre de champion du monde d’Alaphilippe est merveilleux

"Je veux aussi pointer dans cette rétrospective le succès de Julian Alaphilippe au championnat du monde. Je l’ai beaucoup apprécié. Bien sûr on était chez nous, bien sûr il y avait cette ferveur populaire autour de Wout van Aert. La Flandre et la presse pensaient Wout imbattable. Il était en fait au bout de son rouleau. Je pense que l’équipe de France a bien joué son coup dans le final de course. Julian Alaphilippe était supérieur et il avait bien calculé ce qu’il allait faire. Tout a réussi et je trouve ça merveilleux. Petit bémol, cette bière lancée vers lui et le fait qu’il a été chahuté. Ce comportement n’a pas sa place dans le cyclisme".

Et en 2022 ?

Après avoir passé en revue la saison 2021, Gérard Bulens tente de lire dans une hypothétique boule de cristal les enjeux du prochain épisode. "On a déjà vu de quoi était capable un Tom Pidcock. Il sera là, mais davantage sur des profils de type ardennais et sur les grands tours. Il a aussi dans la tête de décrocher, dans la même année, les trois maillots de champion du monde (route, cyclocross et VTT). Ça me paraît fort prétentieux, mais on ne sait jamais ! Je pense qu’on va revoir ce quatuor Pidcock-van Aert-Alaphilippe-Van der Poel. Et pour Wout, je pense que l’arrivée de ses nouveaux équipiers va changer la donne. Avec un tel collectif, Jumbo-Visma va pouvoir offrir une vraie rivalité aux Quick Step de Patrick Lefevere".

"Ce sera aussi, théoriquement, la dernière saison de classiques de Philippe Gilbert. C’est un fameux coureur qui va bientôt prendre sa retraite. Le rêve serait qu’il puisse encore remporter une grande victoire. On le connaît, il ne va pas s’épandre sur ça. Mais, il a certainement un plan. Je pense que sa non-sélection pour les Mondiaux lui est restée sur l’estomac et qu’il nous prépare une fin de carrière en feux d’artifice. On va voir comment il gère ça, je suis impatient de le découvrir", conclut Gérard Bulens.

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