Le 6/8

Retour sur l’histoire étonnante du Groenland, autrefois "terre verte" dépourvue de glace

Île immense située entre l’Atlantique Nord et l’océan Arctique, le Groenland, territoire danois autonome, tire avec lui une histoire pour le moins étonnante.

Direction le grand froid ce matin dans Le 6/8 avec Sophie Brems, chroniqueuse nature, qui nous revient avec une nouvelle étude, montrant que jadis, le Groenland, terre verte en danois, portait effectivement bien son nom.

"Selon cette étude, l’île était en fait privée de glace il y a plus d’un million d’années. Il y avait des forêts boréales avec des épicéas, des pins… un paysage de toundra", commence la chroniqueuse.


►►► À lire aussi : Climat : et si ça basculait… dans le bon sens ?


Si cette information était déjà connue grâce aux carottes de glace réalisées jusqu’à 1400m de profondeur au centre de l’île, la confirmation est dorénavant faite en ce qui concerne ses pourtours : "on y a retrouvé des fossiles de plantes, de mousse et de brindilles", précise-t-elle.

© Getty Images

Une carotte de glace oubliée

Si c’est en 2021 que les résultats de l’étude font surface, la carotte de glace dont sont extraites les analyses a été forée en 1966, en pleine guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS. "A cette époque, les Américains ont voulu mettre en Arctique des ogives, missiles nucléaires, en direction l’URSS. Pour tenter d’être discret, ils l’ont d’abord fait sous le couvert de cette mission scientifique", raconte Sophie Brems.

Si les Etats-Unis se sont rendus compte qu’il n’était pas possible d’y placer des missiles en raison du sol trop friable, la carotte glaciaire a bien été prélevée avant de finir dans un réfrigérateur, longuement oublié.


►►► À lire aussi : Découvrez l’ange de mer, ce mollusque marin aussi rare que mystérieux


"Quand ils l’ont finalement retrouvée au Danemark en 2017, il y avait environ trois mètres de boue et de sédiments. Avec les instruments actuels, les analyses et les informations sont beaucoup plus précises. Grâce aux isotopes, des éléments chimiques qui varient en fonction du rayonnement cosmique, c’est-à-dire de savoir si les terres étaient à l’air libre ou emprisonnées sous les glaces, ils ont pu constater que le Groenland était autrefois dépourvu de glace", explique-t-elle.

Un climat comparable à aujourd’hui ?

Aujourd’hui, le climat semble se rapprocher de celui constaté il y a un million d’années. Cependant, les scientifiques restent prudents. Si cette glace était absente, on ne connaît pas la vitesse à laquelle cela s’est produit, ni les conditions globales du climat n’étant pas non plus les mêmes.

"On ne peut pas comparer cette époque à la nôtre, mais ça peut être un nouveau signal d’alarme. Si on continue dans ce sens-là, vers le réchauffement climatique, la fonte de l’Arctique pourrait être très impressionnante, ce qui ferait monter le niveau des mers et toucherait malheureusement beaucoup de populations. C’est un signe qui nous dit que ça s’est déjà produit en tout cas", conclut Sophie Brems.

© Getty Images

Voyez la vie au vert avec Sophie Brems, et retrouvez bien d’autres chroniques dans Le 6-8 en semaine sur la Une.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous