Le comte Walsegg est un mélomane et musicien à ses heures perdues. S’essayant à la composition, il se rend très vite compte qu’il n’a pas le talent nécessaire. Il se met donc à commander des œuvres à des compositeurs pour ensuite les interpréter devant ses amis en les présentant comme ses propres compositions.
Lorsque sa douce épouse Anna décède, à l’âge de 21 ans, le 14 février 1791, le comte Walsegg décide de lui offrir un mausolée musical. Voulant tout d’abord composer lui-même cette œuvre, le comte décide rapidement de faire appel à Mozart. Le comte sait que le compositeur viennois est endetté et projette de lui offrir une coquette somme d’argent pour qu’il écrive le requiem.
Pour livrer sa commande, le comte mandate un de ses proches amis pour qu’il entre en contacte avec Mozart. C’est cet homme que Mozart appellera "le messager en gris". Une commande plutôt alléchante pour le compositeur en mal d’argent. Mais Mozart a d’autres œuvres sur le feu. Il doit finaliser ses opéras La Flûte enchantée et La Clemenzia di Tito.
Mais l’avance de 50 ducats et la promesse de 300 florins à la livraison du requiem, promis par le comte, poussent Mozart à accepter la commande. Mozart s’épuise à la composition de cette œuvre, qu’il perçoit de plus en plus comme étant son propre Requiem. Lorsqu’il pousse son dernier soupir, le 5 décembre 1791, le requiem aeternam et le kyrie sont complètement achevés. Seules les parties vocales et les basses du Dies Irae et du Lacrimosa étaient achevées, tandis que les parties du Domine Jesu Christe et Hostias ne comprenaient que le chœur et une partie de la basse continue. Il avait esquissé les parties vocales et la basse du Sanctus, du Benedictus et de l’Agnus Dei.
A la mort de Mozart, Constance, son épouse, se retrouve avec la charge de deux enfants et surtout avec les dettes de son mari. Devant honorer la commande du comte, Constance fait appel à Joseph Eybler, élève de Mozart, afin qu’il complète les parties inachevées du Requiem. Elle se tournera ensuite vers un autre élève de Mozart, Franz Xaver Süssmayr, afin qu’il recopie intégralement la partition qui sera envoyée au comte. Le choix de Süssmayr ne tenait pas à ses talents de compositeur mais plutôt à son écriture qui était presque identique à celle de Mozart. C’est donc une partition écrite de la main de Süssmayr qu’a reçue le comte Walsegg, qui la fera interpréter le 14 décembre 1793 comme étant écrite de sa main.