Les relations entre la République démocratique du Congo et le Rwanda se sont fortement tendu ces dernières semaines, en raison de la reprise de violences commises par le groupe rebelle M23. Kinshasa accuse Kigali de soutenir ce groupe, et même d’avoir envoyé plusieurs centaines de soldats sur son sol. Le politologue spécialiste de l’Afrique centrale Dieudonné Wamu Oyatambwe répond à trois questions pour comprendre ce regain de tension dans cette région déstabilisée depuis le génocide rwandais de 1994.
Le groupe rebelle M23 a lancé une série d’attaques ces dernières semaines dans l’est du Congo. Bénéficie-t-il du soutien du Rwanda, comme l’affirme Kinshasa ?
Dieudonné Wamu Oyatambwe : "Le M23 n’en est pas à son premier coup, puisqu’il a déjà été à l’œuvre en 2012-2013 et il a été défait par les Forces armées congolaises à l’époque. Aujourd’hui, la résurgence de ce mouvement fait dire à l’armée congolaise qu’il bénéficie du soutien d’une puissance régionale, en l’occurrence le Rwanda. C’est la source des tensions aujourd’hui autour de Goma et dans cette région frontalière avec le Rwanda. Le Rwanda, de son côté, affirme que le M23 est une affaire interne au Congo, qui ne le concerne pas. C’est tout le problème : le gouvernement congolais affirme avoir suffisamment de preuves démontrant l’implication du Rwanda. Kigali dément, en affirmant au contraire avoir des preuves d’une accointance entre les anciennes forces rwandaises FDLR et certains éléments de l’armée congolaise. On est dans une escalade verbale d’accusations mutuelles."