Dans les rues d’Adiyaman, le désespoir se mêle à la rage parce que les secours tardent : ils sont très peu vus en ville. La désorganisation est flagrante et il est difficile pour les ambulances de circuler.
Des habitants viennent des villes voisines avec de la nourriture, des générateurs ou simplement leurs bras pour se joindre à ceux qui cherchent les survivants. Ceux qui, comme ce jeune homme, parcourent les gravats en silence pour essayer de repérer des voix, du bruit.
Il tend l’oreille, puis il dit :
"Ici il y a des gens, mais on n’entend pas leurs voix".
Quelles sont encore les chances de trouver des rescapés sous les décombres, trois jours après le séisme ?
Beaucoup nous ont dit se sentir oubliés.
"Pourquoi la presse ne vient pas constater la situation dans laquelle se trouvent les gens ? Pourquoi ils ne le montrent pas au monde ? Vous voulez que ceux qui sont encore en vie meurent aussi ?" nous interpelle un homme en colère. Nous sommes les premiers journalistes qu’il voit ici depuis la catastrophe.
On nous interpelle aussi pour demander de l’aide, encore et encore… Et pour nous signifier l’ampleur de la catastrophe et de sa détresse, un homme nous montre à travers une brèche deux membres de sa famille, coincés sous le béton.
"Moi j’ai réussi à sortir d’ici et à sortir ma femme et mon enfant. Mais je n’ai pas réussi à sortir ma sœur. J’ai perdu deux membres de ma famille. Et il n’y a personne qui vient nous aider pour sortir les corps de là. Au moins qu’on puisse les enterrer dignement. L’Etat va d’abord aider les plus riches".