Yasmina Hamlawi revient, avec Pascale Tison, sur son documentaire de création ‘Perle’. Elle nous raconte sa rencontre avec Fos, originaire de Somalie, au GAMS (Groupe pour l’Abolition des Mutilations Sexuelles), la nécessité pour elle de porter la parole de Fos et sa volonté de dépasser ce qu'elle a vécu pour le transformer de manière positive.
"Elle est devenue une femme qui se bat pour qu'il n'y ait pas d'autres petites filles qui, comme elle, vont se faire conduire à l'excision et avoir leur vie bouleversée."
L’excision concerne 130 millions de femmes dans le monde, dans des pays comme l’Egypte, le Mali, l’Indonésie, la Somalie, mais aussi dans les pays occidentaux où, bien qu’interdite par la loi, elle est pratiquée dans d’importantes communautés ou lors d’un retour au pays.
Elle est pratiquée par des femmes sur leurs fillettes. Fos parle.
"Dans ma tête, une maman devait protéger son enfant. Mais elle ne l'a pas fait. Et j'ai compris un peu plus tard pourquoi elle a fait ça. Parce qu'elle n'avait aucun pouvoir. Si elle ne le faisait pas, c'était mes tantes paternelles ou maternelles qui le faisaient. Quand mon papa est décédé, c'est à ce moment-là que j'ai compris. Elle s'est sentie soulagée, parce que c'était lui qui avait tout le pouvoir. C'est lui qui décidait qui va se marier avec qui, qui va aller avec qui. Quand mon papa est décédé, je suis allée chez ma maman. Et elle m'a dit : je peux te raconter maintenant ce que je sens. Chaque fois que tu souffrais, je souffrais avec toi, sans te montrer. Parce que je n'avais aucun pouvoir pour t'aider."
Fos raconte sa souffrance au quotidien et sa difficulté à devenir ‘une femme ouverte’. Car en plus de l’excision, Fos a été infibulée. Et son mariage fut un viol.