A partir de ce mercredi, René Tonneaux, âgé de 70 ans, est jugé devant le tribunal correctionnel de Namur pour faux, détournement par un fonctionnaire public et blanchiment. Il risque jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Mais qu'est-il reproché à cet agent de la Région wallonne dont le nom est associé à une affaire de détournement d'argent sans précédent?
Février 2016. Des fonctionnaires mettent au jour des anomalies dans la comptabilité de l’Office wallon des déchets (OWD). Les investigations internes et l’enquête de police révèlent que pendant une dizaine d’années (entre 2007 et 2016), le comptable et trésorier presque pensionné de l’OWD, René Tonneaux, a détourné vraisemblablement plus de deux millions d’euros, sans devoir pour cela user de savants subterfuges, en profitant simplement des lacunes d’un système.
Confronté aux faits, René Tonneaux reconnaît les faits, mais il s’évapore pendant plus de deux semaines, avant d’être interpellé dans un café de Knokke. Après un séjour de 3 mois en prison, l’homme et son épouse sont libérés en juin 2016.
A cette époque, deux questions se posent : comment ces détournements ont-ils été possibles et où est passé l’argent ?
Beaucoup de légèretés
Il est rapidement apparu que la gestion de l’OWD était problématique. La Cour des comptes, l’Inspection des finances et un audit avaient pourtant pointé des dysfonctionnements et un manque de contrôle, mais ces mises en garde étaient restées sans suite.
De longues auditions au parlement régional (dont celles de la direction de cet organisme, du Service public de Wallonie et du ministre de tutelle au moment des faits, Carlo Di Antonio) ont confirmé l’existence de failles dans la gouvernance, et le statut quasiment "hors radars" de l’OWD.
Depuis, l’Office wallon des déchets a disparu et ses services ont intégré le SPW Environnement, et l’administration régionale a réformé certaines pratiques. Mais le procès permettra peut-être de mettre en lumière d’autres manquements à corriger.
Des sommes introuvables
Plus de deux millions d’euros ont donc été détournés des caisses publiques, dont à peine 140.000 euros environ ont été récupérés à ce jour. Il s’avère compliqué de retrouver le reste, car le couple Tonneaux explique avoir dépensé beaucoup, régulièrement, en adeptes des bonnes tables, des grands hôtels, des voyages et autres plaisirs luxueux.
L'épouse est également jugée à partir de ce mercredi. Elle est soupçonnée de blanchiment uniquement. Elle nie les faits, mais des saisies conservatoires ont été réalisées sur son patrimoine.