Fort de six albums studio sur le label parisien InFiné et de nombreuses collaborations (Alain Damasio, Etienne Daho, Jean-Michel Jarre, Michel Gondry, François & The Atlas Mountain, The National, Saul Williams, John Stanier, Baxter Dury, Kazu Makino, Georgia, Dominique A, Jehnny Beth, Yael Naim,…), RONE a su au fil de son parcours constamment sortir de sa zone de confort. Rencontre entre deux humains, séparés par un œil artificiel, unis par une passion. La création sans frontières.
Maintenant, je sais ce que je veux. Je veux tout !
Comment décrire sa propre carrière ? Rone, le pseudonyme du français Erwan Castex, y répond lui-même : "Mon parcours, c’est un peu comme un triangle inversé". D’abord, il y a plus ou moins 15 ans, imaginons le jeune Erwan, en caleçon, occupé à composer des centaines de maquettes dans sa chambre de bonne parisienne. Arrive alors "Bora vocal". Une track fondatrice dans la carrière de Rone, à l’électronique crescendo poussée par la voix d’Alain Damasio, auteur de science-fiction qui reprend la création de son best-seller "La horde du contrevent". A cet instant, nous sommes en bas, à la pointe du triangle, qui s’apprête alors à s’étendre, à s’ouvrir vers une signature sur le label Infiné, dès qu’ils tombent sur "Bora" alors disponible sur le MySpace de Rone.
"Boral Vocal" sur l’EP Bora (2009)
Ensuite, tout s’enchaîne. 10 EP, 6 albums, des centaines de concerts à travers le monde. Des collaborations multiples, dont la bande originale du film de Jacques Audiard "Les Olympiades", qui lui a d’ailleurs valu une nomination aux César (2022), et le Disque d’or du Cannes Soundtrack Award (2021). On comprend mieux cet appétit insatiable, cette envie de tout essayer.
Polygame des arts, Castex est depuis quelque temps en pleine création d’un concert symphonique accompagné sur scène par 88 musiciens. Au programme, une réinterprétation orchestrale de ses premiers albums. Après deux premiers concerts donnés à Lyon, les prochaines représentations se tiendront à la Philharmonie de Paris les 19 et 20 juin prochains.
Preuve encore, s’il en est, que le terme et l’adjectif "orchestral" définit l’essence de sa créativité.
J’aime toucher à tout, et j’ai surtout toujours voulu collaborer avec d’autres artistes, d’autres arts, d’autres disciplines.
Transition organique
A l’écoute de son cinquième et dernier album en date, "Room with a View", sorti en 2020 et toujours sur Infiné, l’aspect organique, orchestral et foncièrement humain de la musique de Rone ressurgit. L’histoire se répète, la musique aussi, mais elle se réinvente.
Un album totalement instrumental, dans lequel nous sommes immergés dans un mélange d’inserts vocaux d’Alain Damasio et l’astrophysicien Aurélien Barrau (Nouveau monde), de chorales en a cappella (Human) ou encore une tornade d’indignations multilingues (Babel).
"Room with a View" se veut être à l’origine de la création du spectacle du même nom. Initié il y a cinq ans par le Théâtre du Châtelet à Paris qui lui proposait une carte blanche de 2 semaines, le ballet musical "Room with a View" tourne aujourd’hui encore à plein régime et capacité, au vu des 8 représentations belges sold-out depuis des mois.
Accompagné de (LA) HORDE, compagnie de danse marseillaise qui, pour l’anecdote, porte son nom en hommage au livre d’Alain Damasio (on vous parlait de boucle), ce projet prend une dimension sociale et politique. "Ici, avec les danseurs et danseuses, on est dans une émotion abstraite. Sans pour autant avoir de paroles, on est parcouru par une vraie narration". Il ajoute encore :
L’envie était de faire plus qu’un simple concert. Avec la danse, on atteint un art plus brut, direct et intense.
Narrer sans le mot, danser avec les yeux. C’est toute la symbolique du mélange musique danse qui prend corps. D’ailleurs, lorsqu’on lui fait remarquer les similitudes de la compagnie, de ses mouvements, avec le dernier film de Klapisch bien nommé "En corps", il sourit : "C’est drôle que vous me parliez de cela. Nous avions déjà commencé le travail en 2018 et 2019, avec quelques premières représentations avant le covid. Par après, lorsque l’on m’a parlé de ce film, je l’ai vu et c’est vrai que, sans s’être concerté, j’ai beaucoup apprécié d’y retrouver des éléments que l’on perçoit également avec le ballet".
Sur sa présence sur scène avec les danseurs, il termine : "parfois, on croisait nos regards avec les yeux rouges". Rouges d’émotion mais surtout de bonheur, celui d’être humain, perfectible, en évolution perpétuelle et continue comme l’est projet de Rone. Sans jamais trop se rapprocher de la techno, sans pour autant s’enliser dans l’électro, sa musique se voit comme un horizon, à la lisière d’un nouveau monde.
Bientôt en Belgique ?
Rone sera prochainement en spectacle en Belgique avec "Room with a View". Patience et Ticketswap sont vos meilleurs alliés pour tenter d’avoir une place car toutes les représentations sont complètes. Si vous n’avez pas de chance, il est possible de visionner une performance raccourcie réalisée pour l’émission "Echoes" de Arte.
Du 01 au 4 février 2023 / Théâtre National – Bruxelles
Du 08 au 10 février 2023 / Le Vilar – Louvain-la-Neuve
Le 14 février 2023 / Central – Théâtre de La Louvière
Les 18 et 19 février 2023 / De Singel – Anvers