Alors que la soirée de dimanche à Sclessin a tourné en eau de boudin pour le Standard, battu 0-2 par Courtrai, la seule éclaircie dans la grisaille est venue de Renaud Emond. L’attaquant ardennais, victime d’une grave blessure au genou le 3 septembre dernier face à Ostende, a effectué son grand retour après cinq mois d’absence. Tel le phénix qui renaît de ses cendres, le buteur des rouches, a disputé les 30 dernières minutes de la partie. Malgré la défaite, il a apprécié l’ovation des supporters liégeois qui ne l’ont pas oublié. Après plusieurs mois de galère, Renaud Emond is back et ne cache pas ses ambitions avec le Standard.
Renaud, que vous a procuré ce retour à la compétition après cinq mois d’absence ?
" C’est tout d’abord un petit miracle d’avoir déjà pu jouer autant de temps après une si longue absence. J’aurais dû avoir au moins 3 ou 4 semaines de préparation dans les jambes avant d’effectuer mon retour et là, après une petite semaine d’entraînement, j’ai déjà joué trente minutes. Je ne pensais jamais jouer une demi-heure mais les circonstances en ont décidé autrement. Physiquement, il n’y a eu aucun souci mais il me faudra encore quelques semaines pour retrouver le rythme et mon véritable niveau".
Comment avez-vous vécu cette longue période sans jouer ?
" Cela a été un véritable calvaire pour moi. J’ai bien cru que c’était la fin de ma carrière. En tout cas, ça y ressemblait furieusement. A 31 ans, on se dit que dans six mois, la saison est terminée et on se pose logiquement des questions. Comment vais-je pouvoir ensuite rejouer au foot ? Maintenant, je suis en partie responsable car j’ai essayé de brûler les étapes pour revenir au plus vite. En début de saison, je n’aurais jamais dû jouer les matches que j’ai disputés. La douleur était omniprésente et je ne parvenais pas à m’entraîner correctement. J’ai trop forcé mais je suis comme ça, on ne me changera pas. C’est donc une délivrance d’être déjà de retour. On peut dire que je reviens de loin".
Je reviens de nulle part. C’est un petit miracle d’être déjà de retour
Quelle était exactement la nature de cette blessure ?
" C’était une tendinite au genou avec une inflammation et une fissure du tendon rotulien. La douleur était présente à chaque fois après les entraînements. Selon les spécialistes, c’est la pire des blessures. Les chirurgiens m’ont suggéré de procéder à une opération, sachant que le pourcentage de réussite est seulement de 60% et que la rééducation est estimée à six mois. Alors que je me voyais déjà sur la table d’opération avec mes béquilles, j’ai eu la chance de rencontrer un ostéopathe qui a trouvé la solution au problème. Mon fémur était trop en avant par rapport au genou. J’avais donc une tension régulière au niveau du tendon qui était enflammé. L’ostéo m’a remis ça en place en faisant craquer mon genou. Cela a permis de soulager le tendon rotulien et les ligaments autour du genou. J’ai ensuite repris les entraînements et je n’ai plus ressenti la moindre douleur. C’était en quelque sorte un cadeau providentiel, tombé du ciel. Les douleurs que j’éprouvais sont derrière moi et je regarde désormais vers l’avant "
Quelles ont été les sensations quand vous êtes remontés sur le terrain dimanche soir ?
" Avant tout un soulagement mais aussi un bonheur intense. Je me suis dit que je pouvais enfin rejouer au foot et revivre ces moments-là parce que je n’y croyais plus vraiment. A moi de travailler pour retrouver le chemin des filets le plus vite possible ".
" Je suis prêt à tout donner pour disputer les Playoffs avec le Standard "
Nous sommes mi-février et la saison est encore longue, ça veut dire qu’il y a encore des opportunités. Vous allez donc pouvoir apporter de nouvelles solutions offensives à Ronny Deila ?
" Clairement, je reviens de nulle part et suis là pour aider l’équipe à atteindre ses objectifs. J’espère être à nouveau à 100% pour les Playoffs. Après il faudra être un peu indulgent avec moi. Je n’ai plus joué depuis 5 mois et comme je l’ai dit, il faut que je retrouve mes sensations et aussi de la confiance. Le coach m’a dit qu’il était content de pouvoir à nouveau compter sur moi. Il sait que je suis complémentaire avec Noah Ohio mais aussi Stipe Perica et cela lui offre des options intéressantes ".
Le style de jeu actuel développé par le Standard devrait mieux vous convenir qu’en début de saison ?
" C’est certain. Le système de jeu est totalement différent qu’à l’époque où je jouais. Ici, je vais pouvoir bénéficier des centres incroyables d’Aron Dönnum qui joue sur le flanc gauche mais aussi ceux de Marlon Fossey côté droit sans oublier William Balikwisha, Philip Zinckernagel et même Cihan Canak. Pour un joueur comme moi, qui aime attaquer le premier poteau, ce n’est que du bonheur. Le jeu actuel est en tout cas mieux adapté à mes qualités ".
L’accueil du public m’a fait chaud au coeur
L’ovation du public, quand vous êtes monté au jeu, vous a touché ?
" C’est certain. Cela m’a donné des frissons. J’ai apprécié ce moment. C’est la preuve que les supporters ne m’ont pas oublié. Leur accueil m’a vraiment fait chaud au cœur. J’espère leur apporter de la joie le plus vite possible en marquant à nouveau des buts mais je le répète, il faudra encore être un peu patient même si on le sait, tout peut aller très vite dans le football ".
Quand vous marquerez à nouveau un but, vous aurez toutes les raisons de faire le phénix ?
" Ah, ça c’est sûr. C’est prévu et c’est un moment que j’attends avec impatience. C’est un peu à l’image de l’histoire de ma carrière ".
Après la défaite concédée face à Courtrai, vous pensez toujours aux Playoffs 1 ?
" Tant que mathématiquement c’est possible, il faut toujours y croire. C’est vrai que nous avons raté le coche contre Courtrai. Il y avait moyen de réaliser une bonne opération vu les résultats de nos concurrents directs mais n’oublions pas qu’il y a quelques semaines nous étions en plus mauvaise posture et nous sommes quand même revenus, donc dans le foot on ne sait jamais. Il faut en tout cas valider le plus vite possible ces Playoffs 2 et puis se battre tant qu’on peut pour essayer d’accrocher les Playoffs 1 ".