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Réinvesti à la tête de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan présente un gouvernement presque entièrement remanié

Recep Tayyip Erdogan prononce son discours d’investiture à Ankara

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Par Anne Andlauer à Istanbul

Après sa victoire aux élections du 28 mai, le président Recep Tayyip Erdogan a officiellement été réinvesti à la tête de la Turquie ce samedi et a annoncé la composition de son gouvernement. Le chef de l’État entame un nouveau mandat de cinq ans.

Dans son discours d’investiture, Recep Tayyip Erdogan a multiplié les appels à l’unité du pays en cette année du centenaire de la République de Turquie, et les appels à l’opposition à coopérer avec lui pour rédiger une nouvelle Constitution.

Tayyip Erdogan a estimé que sa victoire du 28 mai avait été un "vote de confiance" pour le régime qui est désormais celui de la Turquie : un présidentialisme fort, dans lequel le chef de l’État domine les autres pouvoirs et contrôle les institutions.

Nul doute qu’au cours de ce nouveau mandat – qu’il présente comme son dernier à la tête de l’État – Recep Tayyip Erdogan se donne pour objectif d’ajuster et de pérenniser ce régime qu’il considère comme son principal héritage politique. Pendant la campagne, il a dit vouloir revenir sur la règle qui impose une majorité absolue pour l’élection du président. Mais dans le parlement récemment élu, son alliance n’a pas assez de députés pour modifier la Constitution. D’où ses appels à l’opposition, avec laquelle il espère négocier.

Un cabinet presque entièrement remanié

Dans la soirée de samedi, le chef de l’État a annoncé la composition de son gouvernement. Parmi les nouveaux ministres, un nom attire tous les regards, mais aussi toutes les questions : Mehmet Simsek, nommé ministre des Finances, fait son retour au gouvernement. De 2007 à 2018, comme ministre ou vice-Premier ministre, ce banquier à la carrière internationale a dirigé les finances turques. Dans un contexte de chute de la livre, d’inflation record et de crise de confiance chez les investisseurs, il n’est pas étonnant que Tayyip Erdogan fasse de nouveau appel à lui.

Problème : Mehmet Simsek prône l’orthodoxie monétaire. Or, la principale raison de l’inflation galopante, c’est l’insistance du président à baisser les taux de la Banque centrale, à l’inverse de ce que préconisent les économistes. Mehmet Simsek pourra-t-il revenir à des méthodes plus orthodoxes dans un système où le président est le seul décideur ? Pourra-t-il amener plus de rigueur alors que Tayyip Erdogan est déjà concentré sur les élections locales de mars 2024 ? Beaucoup en doutent.

Deux autres noms sortent du lot dans ce nouveau cabinet : Hakan Fidan, qui dirigeait depuis 13 ans les services de renseignement, rejoint les Affaires étrangères. Au ministère de l’Intérieur, Ali Yerlikaya, jusqu’ici préfet d’Istanbul, remplace Süleyman Soylu. Ce dernier, comme presque tous les membres du précédent cabinet, a rejoint les bancs du parlement.

Un parlement dominé par le président

Les nouveaux députés, élus lors des législatives organisées le 14 mai, ont quant à eux prêté serment vendredi. Dans le nouvel hémicycle, "l’Alliance du peuple", qui soutient Recep Tayyip Erdogan, dispose de 323 sièges sur 600, ce qui permettra au président de continuer à faire adopter les lois qu’il souhaite. Face à lui se trouvent deux alliances sans réel moyen d’action législatif, mais qui continueront d’utiliser la tribune parlementaire pour faire entendre les voix de l’opposition en Turquie.

Sur les 16 partis ainsi représentés, une dizaine se classe à droite de l’échiquier politique, soit dans le camp du pouvoir, soit dans celui de l’opposition. Il s’agit de formations ultra-nationalistes ou musulmanes conservatrices. Les dernières élections ont même vu deux petits partis ouvertement islamistes faire leur entrée dans l’alliance présidentielle, donc sur les bancs de l’assemblée : le Nouveau parti du bien-être (YRP) et le Hüda-Par, dotés à eux deux de neuf sièges.

Anne Andlauer : composition du nouveau gouvernement Erdogan

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Extrait du JT du 4/6/2023

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