Ce vendredi, les sans-papiers en grève de la faim depuis 57 jours ont décidé d’entamer également une grève de la soif. Toutes les bouteilles d’eau qui leur avaient été apportées sont désormais sur le parvis de l’église du Béguinage. Pour le directeur de Médecins du Monde, d’ici un ou deux jours, il y aura des morts.
Ballet d’ambulances
Cette après-midi, sur le parvis de l’église du Béguinage, plusieurs ambulances arrivent et repartent. Des sans-papiers sont évacués sur des civières ou en chaise roulante. D’autres refusent d’être hospitalisés. Pour Tarek, un des porte-parole des sans-papiers, cette grève de la soif, c’est "notre unique carte". Pourtant, ces hommes et ces femmes sont déjà à bout de forces.
C’est ce qu’a également constaté Michel Genet, le directeur de Médecins du Monde : "Les grévistes sont de plus en plus faibles, certains commencent à présenter des atteintes neurologiques". Quant à l’état psychologique : "Ils sont stressés, fatigués, angoissés, désespérés", décrit Tarek.
Il va y avoir un ou plusieurs drames
Pour le directeur de Médecins du Monde, la situation est véritablement critique. "Il faut à tout prix un signal politique pour qu’ils arrêtent la grève de la faim et de la soif. Sans quoi, d’ici un jour ou deux, il y aura un voire plusieurs drames".
Des papiers pour la dignité
C’est effectivement un signal politique qu’attendent les grévistes. Tarek : "Je demande au secrétaire d’État et au gouvernement de trouver une solution pour que ce drame cesse". Et de préciser : "La seule et unique chose pour que ces gens reprennent leur vie quotidienne, c’est d’avoir leur dignité. Et la dignité passe par un titre de séjour pour travailler".
On ne veut pas de mort, on veut un titre de séjour
Sur l’éventualité qu’un des participants à cette grève de la faim et de la soif perde la vie dans cette action désespérée, Tarek précise : "On ne veut pas de mort, on veut que tout le monde sorte d’ici avec un titre de séjour. On veut que Sammy Mahdi ait l’audace politique de trouver une solution qui sera écrite dans l’histoire".
Ce samedi environ 250 personnes ont manifesté devant la gare centrale à Bruxelles afin d’exprimer leur soutien aux quelque 500 sans-papiers en grève de la faim.
Mercredi, Sammy Mahdi inaugurait une zone neutre située à 350m de l’église du Béguinage. Et répétait sa ligne politique : "Il n’y aura pas de régularisation collective. L’occupation et la grève de la faim ne changeront pas les règles. Les sans-papiers sont invités à venir se renseigner individuellement sur leur dossier personnel".
Entre les deux camps, le bras de fer dure depuis 57 jours.