Episode 3 sur les 60 ans de l’indépendance du Congo : La ‘transition démocratique’ - Diffusé dans l’émission Transversales, le 04 juillet 2020. Avec les archives de la Sonuma.
L’ouverture politique consécutive à la chute du mur de Berlin en 1989 ne laisse plus le choix à Mobutu. Lâché par ses partenaires internationaux qui ne le voient plus comme un acteur utile dans la lutte contre le communisme au centre de l’Afrique, il sait qu’il doit démocratiser le Zaïre.
Après de nombreuses tergiversations, il finit par accepter l’ouverture le 7 août 1991, de la Conférence nationale souveraine (CNS). L’Objectif de cette grande réunion politique est d’instaurer à terme un Etat de droit, avec une nouvelle Constitution et une nouvelle Assemblée constituante. 2800 délégués représentent les formations politiques, les institutions publiques et la société civile de tout le pays.
Contre toute attente, Mobutu nomme son principal opposant politique, Etienne Tshisekedi, au poste de premier ministre. "C’était une mesure de décrispation, raconte Dieudonné Wamu Oyatambwe, politologue. Enfin ! Un contre-pouvoir allait faire face à la toute-puissance du maréchal, se disait-on".
La Belgique n’a certainement pas boycotté cette conférence.
La Belgique, elle, reste prudente. "Tout ce qu’annonçait Mobutu était accueilli avec beaucoup de méfiance, se souvient Willy Claes, qui était à l’époque ministre des affaires économiques dans le gouvernement de Wilfried Martens. Mais la Belgique n’a certainement pas boycotté cette conférence. Au contraire, elle a même contribué à son financement. Et il faut avouer qu’au bout d’un an et demi, cette Conférence a débouché sur de bons travaux avec des résolutions qui méritaient nos applaudissements. Mais dès qu’il s’agissait d’appliquer le contenu de ces résolutions, Mobutu mettait le pied dessus et ça ne marchait plus !".
De fait, les zaïrois déchantent très vite. Les deux hommes au pouvoir, s’affrontent et entrent en conflit. Trois semaines après leur entrée en fonction, Etienne Tshisekedi et son gouvernement sont révoqués. La Conférence nationale est interrompue. Les zaïrois démunis, en colère, descendent dans la rue et se livrent à des pillages. Etienne Tshisekedi n’hésitera pas à qualifier Mobutu de "monstre humain".