Episode 3 sur les 60 ans de l’indépendance du Congo : Les ‘massacres’ de Lubumbashi - Diffusé dans l’émission Transversales, le 04 juillet 2020. Avec les archives de la Sonuma.
Lui, c’est l’anti-Mobutu. "Je me suis toujours méfié du régime zaïrois. C’est tellement vrai que je n’ai jamais mis les pieds sur le sol congolais", lâche Willy Claes, au début de notre conversation. L’ancien ministre socialiste (SP) des affaires économiques qui deviendra ensuite ministre des affaires étrangères et secrétaire général de l’OTAN, était intransigeant face à la gestion chaotique du président zaïrois, dans son pays. Derrière son discours, on devine la rigueur du chef d'orchestre qu'il est par ailleurs, mais aussi sa capacité d'écoute notamment auprès de ceux qui sont prêts à jouer sa partition.
Alors que le Zaïre est ruiné à la fin des années 80, sous assistance financière, le régime est sous pression face à ses créanciers.
Mobutu remet sur la table le contentieux belgo-Congolais. Ce qui a été partagé entre le Zaïre et la Belgique depuis l’indépendance, doit selon lui, être renégocié. Il évoque la dette morale de la Belgique à l’égard du Zaïre.
Mobutu expliquait que nous n’avions rien compris de la situation sur le continent africain
Or les socialistes sont de retour dans le gouvernement belge et le ton change à l’égard de ce régime. "J’ai rencontré Mobutu une fois, pas plus. C’était lors de sa visite à Bruxelles lorsque Leo Tindemans était premier ministre. Je me souviens de nos discussions, durant lesquelles nous insistions sur la nécessité de respecter les règles du jeu. Ce que l’on peut faire ou pas avec les prêts venant du FMI et de la Banque mondiale.
Mobutu répondait que nous n’avions rien compris de la situation sur le continent africain. Il expliquait qu’il n’était pas seulement président, mais qu’il était aussi un père de famille. Son neveu X avait besoin d’une voiture… son neveu Y avait besoin d’une maison… il expliquait ça avec tellement de naturel ! C’était difficile d’avoir une discussion sérieuse avec lui".