Une TVA à 22%, la taxation des allocations familiales, la fin des chèques repas contre une baisse de l’impôt des personnes physiques, le conseil supérieur des finances propose sa vision de la réforme fiscale. Et côté francophone, PS, ECOLO, MR, PTB s’y opposent déjà, une partie du monde patronal et les syndicats sont aussi vent debout.
Walk of shame
Dans la série Games Of Thrones, une femme se retrouve condamnée à une marche de la honte. Elle est forcée de marcher à travers la ville, tondue et nue. Elle est accompagnée d’une nonne qui sonne la cloche en criant : "Shame", "Shame". La marche de la honte est un immense défouloir pour la population qui crache, insulte, jette des ordures sur la malheureuse.
Cet avis du CSF subit presque le même sort. Personne ne veut de cette réforme sauce conseil supérieur des finances. Ni le PS qui parle de retour de l’austérité imbuvable, ni Ecolo, ni le MR, ni la FGTB, ni plusieurs fédérations patronales qui s’expriment dans la presse encore ce matin. Comme dans la marche de la honte, on en vient à éprouver de la pitié pour la condamnée.
Pourquoi une note ?
Si cette note existe c’est d’abord parce que le ministre des finances a demandé au conseil qui regroupe des experts nommés par le politique, un rapport sur la future réforme fiscale. L’idée est de moins taxer le travail à l’avenir, il faut donc compenser le manque à gagner.
Pour y arriver le Conseil propose de moins taxer le travail, on passerait de quatre tranches à trois, et trois tranches plus étalées qu’aujourd’hui. Assez bizarrement, ce n’est pas tellement les plus bas revenus qui seraient moins taxés c’est surtout les revenus moyens et élevés. Aujourd’hui vous êtes taxé à 50% pour ce qui dépasse 41.000. Le CSF propose de hausser ce seuil à 100.000 euros. L’idée est aussi de supprimer la cotisation spéciale de sécurité sociale. Coût : environ 6 milliards.
Pour compenser le conseil supérieur prévoit, entre autres, de supprimer la déduction fiscale de l’épargne pension (troisième pilier) "shame", taxer les loyers réels (shame), soumettre les cartes carburants (shame) à un avantage en nature (shame), supprimer les chèques repas (shame), augmenter la TVA à 22% (supershame). Le conseil supérieur propose aussi de diminuer les dépenses publiques, shame, shame, shame…
Pas de consensus
La Vivaldi ne semble plus en état de trouver un compromis autour des pistes proposées par le conseil supérieur de finances. Cette proposition a donc surtout le mérite de démontrer que notre fiscalité est devenue une immense niche à tabous. Voiture de société ? Tabou. Hausse de la TVA ? Tabou. Taxer la fortune ? Tabou. En finir avec les chèques repas ? Tabou.
Tout cela est le résultat de décennies de consensus difficilement trouvés entre les différents partis qui défendent chacun leur vision de la justice fiscale.
Aujourd’hui, tous les partis s’accordent pour dire que le système est injuste, y compris les partis qui sont au gouvernement fédéral depuis plus de 20 ans. Dans le même temps tous les partis jettent des ordures à la figure du Conseil supérieur des finances qui propose des pistes de réformes. Il semble bien dès lors que les chances de voir une réforme fiscale ambitieuse voir le jour soient proches de zéro.