Depuis la fin du mois de juillet, les échafaudages ont été posés et l’équipe en charge de la rénovation de l’édifice travaille sans relâche. En son sein, on compte trois tailleurs de pierre. Comme au Moyen Âge, ils opèrent dans ce qu’on appelle "une loge de taille", un véritable atelier installé au pied du chantier. Ils terminent de restaurer grâce à des techniques diverses, les différents éléments de pierre des arcades heurtées à plusieurs reprises par des camions : les pierres d’origine encore utilisables sont nettoyées, reconsolidées, recollées, voire greffées de nouveaux morceaux taillés par les soins de ces artisans. "Nous utilisons des machines d’aujourd’hui, qui nous permettent d’avancer plus vite dans le travail, mais la finition, nous la faisons toujours comme au Moyen Âge, raconte Nathan Giroul. Si nous avions un délai indéfini, nous pourrions tout faire à la main".
Un puzzle double face de 361 pièces
Mais le temps presse : le chantier doit en principe être terminé au printemps prochain. Pour gagner du temps, beaucoup d’éléments ont été restaurés en amont, et reclassés comme un vrai puzzle, qui doit à présent être reconstitué "in situ". "Quand l’accident a eu lieu en 2013, nous avons récupéré les morceaux en vracs de la façade qui s’est effondrée. L’autre façade a été démontée à la demande des pompiers, explique Romuald Casier, architecte auteur de projet. Les éléments de cette dernière ont pu être préclassés, ceux de l’autre pas. Il y a donc eu un très lourd travail d’identification des fragments". 361 fragments en tout, que les experts ont déjà rassemblé virtuellement par ordinateur et montent à présent avec les vraies pièces au sol avant de procéder au montage final. "Il s’avère qu’en réalité toutes les pièces ne fonctionnent pas forcément. C’est une question de centimètres. Il y en a encore quelques-unes qu’il faut ajuster pour trouver la bonne combinaison. C’est un peu un casse-tête chinois", constate l’architecte. Et pour compliquer les choses, il s’agit d’un puzzle à deux faces. "Les pièces sont liées entre elles. L’arc est composé d’une pierre à l’avant et d’une autre à l’arrière, ajoute son collègue Thomas Deruyver, de l’Agence wallonne du Patrimoine. Il faut absolument trouver sa jumelle. Parfois, un côté était bon, et ça ne fonctionnait pas avec les pièces de l’autre face".