Réchauffement climatique : quand l'agriculture est à la fois le problème et la solution

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Par Antoine Binamé en collaboration avec le Laboratoire de Climatologie de l'Uliège

Dans la lignée de nos différents articles dédiés au réchauffement climatique et à la COP26, nous avons déjà eu l’occasion dévoquer quelques conséquences directes, chez nous, en Belgique, de cette augmentation de température. Penchons-nous maintenant sur un point bien spécifique qui fait souvent parler : l’occupation de nos sols en matière d’agriculture !

La gestion des sols est et sera l’un des points critiques de notre avenir : comment cultiver alors que le climat se réchauffe ? Qu’est-ce que cela va changer pour nous ?

D’une manière générale, comme pour beaucoup de choses, il faudra repenser notre manière de faire de manière globalisée. Si du côté de la viticulture on peut s’attendre à quelques retombées positives du réchauffement climatique, du côté de l’agriculture la situation risque d’être plus compliquée…

Repenser la géolocalisation de nos cultures

Prenons un cas concret : le maïs. On le produit en masse et il est relativement facile à cultiver. L’une des contraintes pour en produire, c’est l’eau… Quel intérêt donc, à l’avenir, d’en planter dans le Sud de la France, là où les précipitations vont diminuer ? Il faudra sans doute songer à le planter plus au nord, vers la Scandinavie par exemple.

Tout ne sera pas si simple puisqu’on sait notamment via une étude menée par des chercheurs de l’Université d’Harvard que l’augmentation du C02 dans l’atmosphère aura pour conséquence de réduire nettement la quantité de protéines présente dans certaines céréales. On y évoque par exemple l’orge (14,6% de protéines en moins), le riz (7,6% de moins), le blé (7,8%) ou nos si chères les pommes de terre (6,4% de protéines en moins) !

Repenser la culture

Nous sommes pour l’instant dans une logique de monoculture : une parcelle pour une plantation. On le sait à présent (ou on le découvre peu à peu), ce n’est ni bon pour les sols, ni pour le climat. Il faut donc s’attaquer à ce modèle et le repenser de fond en comble, par exemple via la permaculture. Lidée de base de ce concept (en le résumant à son essence) c’est de mélanger, par exemple, les variétés cultivées pour qu’elles se complètement et se "soutiennent" mutuellement. Envisager la permaculture à plus grande échelle (plus qu’au niveau de notre petit potager) impliquerait de revoir complètement le système : impossible bien sûr de moissonner un champ en permaculture… Par contre, chacun, à son niveau, peut l’envisager plutôt facilement !

Investir dans le sylvopastoralisme !

Alors, quelles pistes pour l’avenir ? L’une d’entre elles pourrait être, par exemple, le sylvopastoralisme. On vous arrête tout de suite : le mot a l’air bien compliqué mais le concept est simple ! Un peu d’étymologie suffit pour le comprendre : il est composé d’un dérivé du mot "pasteur" (du latin pastor, le berger) et du suffixe "sylvo" (sylva, la forêt en latin).

En résumé, sans entrer dans les détails, il s’agit d’un concept d’agriculture durable permettant de gagner sur toutes une série de tableaux en faisant paître les troupeaux dans des zones boisées… ou de boiser les pâtures des troupeaux.

C’est gagnant pour les bêtes : elles ont de l’ombre pour s’abriter du soleil, un abri contre le vent, elles bénéficient de fourrage frais au pied des arbres (avec moins d’apport de l’homme), certaines plantes repoussent naturellement des nuisibles pour les bêtes…

C’est gagnant pour l’exploitant : il peut à loisir planter des arbres (avec en ligne de mire la production d’un bois durable), des fruitiers (et donc la culture d’un verger par exemple) et ses bêtes peuvent entretenir (en partie) le sol à sa place,…

C’est gagnant pour le climat (hé oui !) : les arbres permettent de capter environ 30% de CO2 de plus que l’herbe… D’où l’intérêt d’avoir une "forêt pâturée" plutôt qu’une simple plaine d’herbe rase !

Évidemment, comme pour la monoculture que l’on évoquait plus haut, cela implique quelques sacrifices techniques (et de nouvelles méthodes à développer) puisque ce système limite (ou annihile) l’agriculture intensive… Un choix à faire !

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