Un camp improvisé, des abris de fortune construits par eux-mêmes sur des pierres volcaniques, des milliers de déplacés qui ont fui les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars) depuis fin octobre essaient de survivre tant bien que mal à Kanyaruchinya, un village situé dans le territoire de Nyiragongo, à environ 8 km au nord de Goma, la plus grande ville de l’est de la République démocratique du Congo.
Le village est au bord de l’explosion. En l’espace de trois semaines seulement, Kanyaruchinya a vu le nombre de sa population tripler, suite à l’afflux de déplacés qui a fui le front le plus proche à Rugari, 30 km de Goma, dans le territoire de Rutshuru, où les rebelles progressent de plus en plus.
Marie-Louise Kasiga, 67 ans, a construit sa maisonnette en bâche. Une pièce d’à peine deux mètres carrés dans laquelle elle habite avec ses sept enfants. "Regardez là où je dors avec mes sept enfants depuis trois semaines. Pas de matelas, pas de couverture et s’il pleut, on est tous mouillés", se lamente-t-elle lorsqu’elle fait visiter à la RTBF sa maisonnette le 10 novembre.
"J’étais au champ quand j’ai entendu des coups de feu et quelques minutes plus tard, les rebelles avaient déjà pris le village. On a tout abandonné pour fuir et c’était très compliqué avec les enfants. Ils ont été transportés comme des animaux, l’essentiel était de se sauver, se rappelle Marie-Louise, visage crispé. C’était le 20 octobre. Ce jour-là, ma vie a basculé, je pensais pouvoir vendre mes récoltes le lendemain".