1985

Série 1985 : fiction et réalité, les chemins finissent-ils par se rejoindre ? Les repères pour s’y retrouver

© Thomas Nolf

La série 1985 rencontre un réel succès d’audience. C’est une fiction inspirée du réel. Pas un documentaire. Ce mélange des genres peut susciter malaise et interrogation lorsqu’on sait que certains personnages portent leur véritable nom alors que d’autres sont imaginaires. Un choix assumé par l’équipe de réalisation. Comment s’y retrouver dès lors sans connaître les principaux faits qui sont évoqués ? Vous trouverez ci-dessous vingt références utiles pour distinguer fiction et réalité. Les faits choisis sont classés dans l’ordre d’apparition dans les épisodes.

Quelles sont les pistes suivies dans l’enquête ? Quelle piste dans le scénario "1985"?

© Thomas Nolf

Dès le départ de la série, on découvre progressivement que la piste "politico-criminelle" a les faveurs du scénariste de "1985". Une piste qui a été suivie par les enquêteurs des tueries du Brabant après l’acquittement de la bande des Borains en 1988.

Concernant les faits attribués aux tueurs du Brabant entre 1982 et 1985, impossible d’énoncer toutes les pistes concrètes suivies au cours d’une très longue enquête, la plupart de ces pistes ayant été suivies en parallèle par plusieurs équipes d’enquêteurs dans différents arrondissements judiciaires. Mais il est possible de les regrouper dans trois catégories si l’on veut dégager un mobile comme fil conducteur : le banditisme, la déstabilisation ou la piste du contrat, qualifiée aussi de politico-criminelle.

Les bandes criminelles, les trafics, les vols et le " racket "

A ce stade, pour cette première catégorie, que ce soient les " prédateurs ", la piste privilégiée du procureur Jean Deprêtre, ou celles de bandes criminelles plus traditionnelles, le mobile reste l’appât du gain et subsidiairement les règlements de compte à l’égard des mauvais payeurs et des mouchards. L’enquête a suivi dans cette direction plusieurs pistes en Belgique et à l’étranger. Le milieu de la prostitution et des jeux clandestins au quartier Nord à Bruxelles est l’une des pistes présentant à cet égard le plus d’indices. Retenons l’hypothèse d’un " racket " des dirigeants de Delhaize, les attaques de 1985 se déroulant dans un laps de temps très court et le nombre de victimes allant " crescendo " sans lien rationnel avec les butins dérobés.

Terrorisme et déstabilisation

© Thomas Nolf

La seconde catégorie de pistes relève du terrorisme ou de la " déstabilisation ". Mobile : atteindre un objectif idéologique ou sécuritaire. Dans cette hypothèse, des " intermédiaires " sont recrutés pour assurer la logistique : la gestion des armes, des voitures et de l’argent. Et les exécutants sont souvent des " idéalistes " radicaux violents recrutés à gauche ou à droite pour créer peur et chaos dans " une stratégie de la tension ". On pense chez nous aux explosions des CCC " anti-impérialistes " et aux actions provocatrices du WNP, un groupe réunissant des militaires, gendarmes ou anciens légionnaires réunis contre le " danger communiste ". Plusieurs suspects du dossier d’enquête " tueries " sont membres du " WNP " évoqué dans la série.

L’hypothèse du " contrat " : truands et mercenaires

Cette troisième catégorie de pistes est un mélange des deux précédentes. Dans ce cadre, les exécutants sont issus du milieu criminel et à ce titre principalement attirés par l’appât du gain mais font l’objet d’un " recrutement " par des commanditaires finaux difficilement identifiables. D’où l’expression de la " théorie du contrat ". Ils agissent à la manière de tueurs à gage, sans foi ni loi, interchangeables selon les besoins. Les exécutants reçoivent un ordre de mission et se rémunèrent à la fois " sur la bête ", en s’appropriant les butins en cours d’opération, tout en bénéficiant d’un " fixe " promis au terme de la mission accomplie.

Personnages et principaux événements, retrouvez les explications ci-dessous

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Un scandale au sein de la gendarmerie, l’institution ébranlée

Série 1985 Commandant François
Série 1985 Commandant François © Thomas Nolf

Le commandant Léon François est soupçonné d’avoir laissé ses gendarmes en tenue civile organiser à leur profit un trafic de drogues sous la couverture " d’opérations d’infiltration ". L’arrestation réelle de Léon François interviendra le 18 janvier 1980, il sera écroué, l’enquête confiée à la gendarmerie (juge et partie) et ce sera le major Herman Vernaillen et le sous-officier Guy Goffinon (devenu Goffinart dans la série) qui effectueront l’enquête.

Le BND sera démantelé et les gendarmes de ce service réaffectés au sein des brigades spéciales chargées de la lutte antidrogue dans lesquels se trouve affecté à l’époque le gendarme Madani Bouhouche, qu’on aperçoit menacer d’une arme le jeune Marc De Vuyst.

Dans le troisième épisode, on constate que le commandant François garde la confiance de sa hiérarchie et qu’Herman Vernaillen est considéré comme celui qui a entaché par les résultats de son enquête la réputation de la gendarmerie.

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La gendarmerie fragilisée par des luttes internes

Série 1985
Série 1985 © Tous droits réservés

Les deux personnages candidats gendarmes Marc et Franky qui lancent la série déroulent le scénario autour d’une trame où apparaissent les bons gendarmes, gardiens des règles, et d’autres déterminés à les transgresser. Ceux-là abusent de leur pouvoir et usent de violences et de chantages pour parvenir à leur fin.

Parvenu à la moitié de la série, l’existence d’une organisation secrète subversive s’impose comme un danger pour les valeurs démocratiques. Elle recrute des éléments radicalisés dans toutes les structures des corps de sécurité, dont la gendarmerie et son unité d’élite, la brigade "diane".

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Le "WNP" une organisation subversive secrète

Série 1985 Dirigeants du WNP
Série 1985 Dirigeants du WNP © Thomas Nolf

L’organisation "WNP" (pour "Westland New Post") entraîne ses membres armés dans les bois. Ce n’est pas une fiction, elle a réellement existé. Dans la série, le jeune gendarme Franky Verhellen est embrigadé et devient "Bambi". Tous les membres ont un "pseudo".

Dans la réalité, l’existence du WNP est révélée au grand jour en septembre 1983 à l’occasion d’une bagarre à Forest suivie de coups de feu. Les policiers découvrent au domicile du tireur des télex confidentiels dérobés au quartier général de l’Otan à Evere. Ils ont été emportés par des militaires membres du WNP. Plus inquiétant, les policiers découvrent que les membres communiquent avec des messages codés.

Le WNP dispose d’un service de sécurité chargé de châtier ceux qui menacent l’organisation. Tous mènent des exercices de filatures et d’observation. Dans l’épisode trois, on peut découvrir que l’un de ses exercices se termine par l’assassinat du couple surveillé à Anderlecht.

Ce fait divers a réellement eu lieu et est connu comme "l’affaire de la Pastorale". L’enquête débouchera sur un procès d’assises où les relations troublantes du commissaire de la Sureté de l’Etat, "Canard", laisseront apparaître une possible manipulation des jeunes militants, ceux-ci remplissant leurs missions sans en connaître la réelle finalité. Plusieurs membres du WNP révéleront avoir dû effectuer des repérages sur des parkings de grands magasins avec étude de minutages des différents itinéraires de fuite.

Le principal dirigeant du WNP, qui apparaît dans la série comme le "Marechal" sera retrouvé pendu à son domicile dans d’étranges conditions. Un suicide finira par conclure la justice. Le gendarme Madani Bouhouche que l’on voit se réunir avec les membres du groupe aurait été recruté par l’organisation. Pour valider son engagement, il a dû sortir de la gendarmerie des dossiers judiciaires qui seront photocopiés pour des destinataires inconnus à des fins probables de chantage.

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Le vol des a​​​​​​​rmes de l’unité spéciale de la gendarmerie

1985 Major Herman Vernaillen
1985 Major Herman Vernaillen © Thomas Nolf

Ce vol a réellement eu lieu durant les fêtes de nouvel an 81-82 à la caserne de gendarmerie d’Etterbeek, c’est là que sont toujours installés aujourd’hui les équipements des unités spéciales de la police fédérale. A l’époque, il fallait bien connaître les lieux et les procédures pour pouvoir voler ces armes. Très vite comme l’exprime Herman Vernaillen dans la série, tous savaient que cela ne pouvait être que des gendarmes.

A la fin du second épisode, on distingue Madani Bouhouche sortir les armes de la caserne avec la complicité d’autres gendarmes. L’enquête interne de la gendarmerie ne donnera rien mais bien plus tard en 1988, Madani Bouhouche révélera le lieu où une partie des armes ont été cachées sous le pont de l’autoroute à Vilvoorde.

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La découverte de Bouhouche plaçant des micros dans les bureaux

Série 1985
Série 1985 © Thomas Nolf

Cette scène se déroule en 1981 lorsque Madani Bouhouche et son équipier Robert Beijer travaillent ensemble dans l’unité antidrogue à Bruxelles. Cet espionnage interne va provoquer le retour en uniforme de Madani Bouhouche et de son équipier en brigade locale. L’un à Auderghem, l’autre à Uccle. Mais la découverte de ces micros n’a pas lieu dans les conditions montrées dans la série. Herman Vernaillen n’intervient en réalité pas dans cette découverte mais plus tard dans la prise de sanction. Le contexte de cette pose de micro concerne des "informateurs" liés au trafic de drogue.

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Le club privé "Jonathan" et le jeu dans la confiture

Série 1985 Jonathan et la confiture
Série 1985 Jonathan et la confiture © Thomas Nolf

Cet événement s’est réellement déroulé dans ce club situé rue Wilmotte à Saint-Gilles. S’y retrouvaient des sympathisants d’extrême droite et des amateurs de tir. Mais aussi des personnes aimant s’encanailler après le travail. Un rapport de police évoque la présence de prostituées et de prises de vues destinées à faire chanter certains clients. La scène de la confiture s’inscrit dans ce registre.

Le réalisateur a d’ailleurs récupéré les véritables images tournées au Jonathan. On y voit Jean Bultot, l’ancien directeur adjoint de la prison de Saint-Gilles, être "jeté" dans la confiture au milieu de jeunes femmes dénudées.

Dans l’épisode de la série, l’arrivée du ministre de la Défense de l’époque, qui tire en l’air pour lancer le spectacle est fictive. Il s’agit de Paul Vandenboeynants rendu célèbre par sa phrase "VDB, tu ne vas pas crever !" racontée à l’issue de son enlèvement par le truand Patrick Haemers. Jusqu’ici le nom de VDB n’a jamais été associé à la clientèle du Jonathan. Ce bar a finalement été fermé.

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Les pratiques de l’agence de détective ARI (Bouhouche et Beijer)

Dans le second épisode de la série, on aperçoit une écoute par micro et une scène de prises de photos à distance d’un couple pris en flagrant délit d’adultère par Madani Bouhouche et son associé qui sans être nommé dans la série n’est autre que Robert Beijer, le cofondateur avec Bouhouche de l’agence de détectives ARI.

Si la scène est fictive, elle témoigne des méthodes utilisées par l’agence. Robert Beijer dans son livre publié en 2010 aux Editions Luc Pire s’en est expliqué sans réticence sachant que tout cela est désormais prescrit.

En jargon policier, il s’agit de "provocations" ce qui en droit belge est interdit. Pour conclure rapidement des divorces à son avantage à l’époque, il fallait prendre l’autre conjoint en flagrant délit.

Sachant que l’agence ne lésinait pas sur les moyens utilisés : techniques d’espionnage et recours à des prostituées comme appâts, certains bureaux d’avocats faisaient appel à leur service. Ces techniques étaient mises aussi parfois au service d’autres objectifs pour compromettre des personnalités politiques.

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L’attaque de l’armurerie Dekaise à Wavre

30 septembre 1982 Attaque armurerie Dekaise
30 septembre 1982 Attaque armurerie Dekaise © RTBF

Cette attaque le 30 septembre 1982 marque le premier meurtre attribué aux tueurs du Brabant. Le policier Haulotte arrivé par hasard devant l’armurerie sera abattu puis achevé froidement d’une balle dans la tête. Un acte de violence sans justification car il n’était plus en état de constituer un danger. Ce qui va se répéter dans d’autres faits et amènera à donner aux auteurs le sinistre qualificatif de " tueurs fous du Brabant ".

Il faut souligner que le nom de Madani Bouhouche reviendra aussi pour ce fait parmi les noms des suspects. L’un des gendarmes ayant échappé à la mort à Hoeilaart lors de la course-poursuite qui a suivi l’attaque dira l’avoir reconnu à l’arrière du véhicule VW Santana.

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L’attaque d’un transport de fonds de la Sabena

Série 1985 Attaque d’un transport à Brucargo
Série 1985 Attaque d’un transport à Brucargo © Thomas Nolf

En 1982 peu après l’attaque de l’armurerie Dekaise, un transporteur de fonds allant placer dans le coffre de Brucargo le contenu des valeurs, or, bijoux, montres, issues d’un avion en provenance de Munich disparaît sous le tunnel passant sous les pistes. A bord du transport, également des documents diplomatiques de l’ambassade belge à Moscou.

Des témoins diront avoir croisé une voiture de gendarmerie avec deux hommes à bord garée dans le tunnel. Madani Bouhouche sera condamné pour le meurtre du chauffeur dont le corps ne sera jamais retrouvé. Le butin de plusieurs dizaines de millions de francs a lui aussi disparu. La camionnette vide sera retrouvée à proximité d’une sablière à Machelen.

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Les meurtres du concierge de l’auberge de Beersel et du chauffeur de taxi Angelou

1983 Taxi de Constantin Angelou à Mons
1983 Taxi de Constantin Angelou à Mons © RTBF

Deux meurtres attribués aux tueurs du Brabant, commis avec la même arme. Les deux hommes ont travaillé à la même période ensemble pour la même société de taxis à Bruxelles comme le signale Marc De Vuyst dans la série. Les deux victimes ont été abattues de la même manière : plusieurs balles de pistolet.22 dans la tête. Une arme jamais retrouvée.

L’enquête judiciaire n’a pas établi immédiatement de liens entre les deux victimes. Au départ, le mobile de ces deux crimes paraît avoir été un simple vol de denrées à l’auberge et le vol de la recette du chauffeur. Aucun auteur n’a été identifié à ce jour mais l’enquête est toujours en cours.

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Les attaques des Delhaize de Genval et Uccle

Genval est la première attaque d’une grande surface attribuée aux tueurs du Brabant. Elle a lieu le 11 février 1983, au moment de la fermeture. Jusque-là les tueurs s’en étaient pris à une armurerie à Dinant, une épicerie à Maubeuge, une autre armurerie à Wavre. Lors de l’attaque de Genval, ils tirent sur le chauffeur d’une voiture qui faisait mine de les suivre mais ne feront pas de victimes.

A Uccle, même scénario d’attaque mais un client sera blessé par balles alors que sortit du magasin, il tentait de rejoindre le garage voisin pour appeler la police. Il sera blessé mais sans gravité.

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L’attaque d’un magasin Colruyt à Hal

Cette attaque est seulement mentionnée dans la série. Elle fera un premier mort, le gérant du Colruyt abattu d’une balle dans la tête. Le mobile de ce meurtre paraît difficilement explicable par sa gratuité à moins qu’il s’agisse d’une exécution. On peut penser aussi à une tentative de "racket" sur la chaîne de magasins Colruyt.

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L’affaire Pinon, des "orgies" avec ou sans présence de mineurs

Série 1985
Série 1985 © Thomas Nolf

Cette affaire a défrayé la chronique durant les années 80-90. Le nom Pinon revient souvent dans la série comme s’il avait un rôle périphérique important dans l’histoire pour comprendre les faits. En réalité la rumeur sans qu’on puisse disposer d’éléments matériels voudrait que ce dossier soit aux mains de l’extrême droite, ici l’organisation du WNP qui s’en sert pour se garantir une impunité.

L’affaire elle-même se résume sur fond de divorce et de garde d’enfant, et la révélation par l’épouse du docteur Pinon, enregistrée à son insu par son mari, de l’existence de rencontres échangistes entre couples adultes. Mais ce dossier a été par la suite associé à l’existence de "ballets roses", soit l’implication d’enfants ou à tout le moins d’adolescents qui auraient été sortis d’un home en Brabant wallon pour venir agrémenter les soirées épicées de notables du Brabant wallon.

Une enquête judiciaire a eu lieu. Le procureur Deprêtre a indiqué que tout cela ne regardait que la vie privée de personnes adultes. Le "Maréchal" du WNP (Paul Latinus) se serait vanté de disposer d’une copie de ce dossier judiciaire, ce qui serait pour certains la cause de son "suicide" qui n’en serait peut-être pas un. Là aussi la rumeur persiste mais l’enquête judiciaire a conclu au suicide sans aucun lien avec l’affaire Pinon.

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L’assassinat par pendaison du chef de l’organisation WNP

© Thomas Nolf

A ce stade, cet événement évoqué dans la série ne correspond pas à la vérité judiciaire. Le 24 avril 1984, le corps sans vie de Paul Latinus est retrouvé pendu par sa compagne dans la cave de la maison qu’ils occupent à Court-St-Etienne. Officiellement, c’est un suicide. Même si le fil du téléphone utilisé par Latinus pour se pendre ne résiste pas aux manœuvres opérées avec un mannequin calibré lors de la reconstitution exigée par la juge d’instruction Lyna. Si au départ, l’autorisation de rendre le corps à la famille a été délivrée par la justice nivelloise, la juge Lyna et ses enquêteurs en charge de l’enquête à Bruxelles sur le WNP et le double meurtre de la Pastorale (évoqué dans l’épisode 4), trouvent ce décès suspect et demandent une autopsie.

Plusieurs éléments apparus au cours de l’enquête ouvriront la porte à d’autres hypothèses que le suicide. Mais le temps passant, le parquet général de Bruxelles presse les enquêteurs de conclure. Après avoir mis la pression sur le procureur Jean Deprêtre au parquet de Nivelles, le procureur général Jaspar suggère même d’évoquer la thèse du suicide " érotique ", pour expliquer par un accident ce qui reste qualifié de suicide. Pourquoi cet empressement ? Pour camoufler un meurtre qui arrangerait pas mal de monde ? Rumeur souvent entendue mais l’explication avancée par le procureur général est plus concrète : elle concerne le procès d’assises relatif à l’affaire de la Pastorale qui se profile. Sa bonne tenue supposait d’aboutir à une conclusion judiciaire dans le dossier Latinus, une incertitude sur la cause de la mort risquant de contrarier la sérénité des débats.

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Le vol des armes de Juan Mendez, " l’ami " de Bouhouche

© Thomas Nolf

Dans la série, le personnage de Juan Mendez apparaît à plusieurs reprises. On l’aperçoit proche l’organisation WNP où il assiste en compagnie de Bouhouche à une soirée " dans la confiture ". Ce fait qui se serait passé en réalité dans le bar " Jonathan " à Saint-Gilles n’a jamais été prouvé. Mais ce qui unit les deux hommes, c’est avant tout la passion pour les armes. Juan Mendez travaille comme directeur à l’exportation de la FN, où il a accès à toutes les armes et pièces détachées. A plusieurs reprises, il détournera, armes et pièces, ce dont profitera aussi son ami Madani Bouhouche. Un petit trafic entre amis dont la portée n’a jamais pu être évaluée précisément au cours de l’enquête. Comme la série le montre, l’erreur fatale de Madani Bouhouche sera d’avoir échangé avec Juan Mendez, l’un des pistolets-mitrailleurs qu’il a volés à la gendarmerie la nuit du nouvel an 1981-1982. Lorsque la relation va s’assombrir entre les deux hommes, Madani Bouhouche fera tout pour récupérer cette arme compromettante pour lui, éveillant après le vol de ses armes la suspicion de Juan Mendez. Ce qui serait selon l’enquête le mobile de l’assassinat en janvier 1986 de l’assassinat de Juan Mendez par Madani Bouhouche, mais le jury d’assises n’a pas suivi l’accusation, estimant qu’un doute sur la culpabilité de l’ancien gendarme subsistait.

 

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La théorie du contrat : "des enfoirés très malins"

© Thomas Nolf

Depuis le départ de la série, la piste " politico-criminelle " a les faveurs du scénariste de " 1985 ". Cette piste a été suivie par les enquêteurs des tueries après l’acquittement des Borains en 1988. Elle est expliquée dans deux temps forts de l’épisode 6.

D’abord lors d’un premier échange entre Marc De Vuyst, le jeune enquêteur et sa petite amie. Dans cette scène sur le divan, elle lui livre son analyse : " ils veulent que vous pensiez que c’est la même bande alors que les mobiles sont différents, ça rajoute à chaque fois une nouvelle piste pour les flics jusqu’à l’abandon complet de l’affaire ". Puis à Marc De Vuyst de surenchérir : " Et du coup ça leur fournit à chaque fois un alibi ".

Dans l’épisode 6, Marc De Vuyst rapporte ces mêmes observations à l’adjudant de gendarmerie Goffinard : " dès qu’on a un suspect dans le viseur, ils recommencent et celui qu’on a dans le viseur, il a un alibi ". Et l’adjudant de finir par approuver cette analyse : " c’est de la dynamite gamin, faudra pas que ça nous pète à la gueule ". Pour appuyer la démonstration Marc De Vuyst utilise l’exemple de la voiture VW Golf rouge volée à l’auberge des Trois Canards à Ohain, qui sera réellement utilisée lors de plusieurs faits, au Delhaize de Beersel et à la bijouterie d’Anderlues. Et à chaque fois, des indices permettent d’identifier la présence de cette voiture. Est-ce intentionnel ? Réponse affirmative si l’on se réfère à l’hypothèse "du contrat", car cela permet d' innocenter des complices qui sont à ce moment-là déjà en état d’arrestation, comme Philippe DS. ou les membres de la filière Boraine.

En résumé, l’affaire des tueries serait dans cette optique du contrat un ensemble de faits commis par des personnes recrutées à la manière de tueurs à gages. Ils ne participent pas à l’ensemble des faits et sont interchangeables. Seule la logistique, armes et voitures, gérée par ceux qui recrutent "les tueurs" permet d’orienter l’enquête dans différentes directions selon leurs objectifs ou les besoins du moment. Sans remonter à l’étage des logisticiens, il ne serait dès lors pas possible de cerner les mobiles des actions entreprises et l’étendue de la toile d’araignée.

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Herman Vernaillen, envoyé sur une voie de garage

© Thomas Nolf

L’épisode 6 dans lequel Herman Vernaillen est muté au propre et au figuré sur une voie de garage est réel. Il terminera sa carrière à la logistique du charroi de la gendarmerie avec le grade de colonel. Mais la version servie dans la série 1985 selon laquelle il tenait personnellement à mener l’enquête sur les tueries à Nivelles lui donne le beau rôle mais semble sortie de l’imaginaire du scénariste. Par contre ce qui est conforme à la vérité, c’est que dans le panier de crabes qu’était devenu à l’époque l’Etat-major de la gendarmerie, Herman Vernaillen s’était fait beaucoup d’ennemis. Notamment parce qu’il avait mis le nez dans les affaires les moins propres d’un corps réputé d’élite où l’on avait l’habitude de laver le linge sale en famille.

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L’informateur Léon Finné, l’agence Copine, le projet de "Coup d’Etat"

© Thomas Nolf

Léon Finné apparaît dans la série comme gérant de la banque Copine. Tout cela est réel et figure dans le dossier d’enquête des tueries du Brabant. Léon Finné a été tué sur le parking lors de l’attaque du Delhaize d’Overijse le 27 septembre 1985. Officiellement, l’enquête a conclu que rien ne permettait de dire qu’il avait été ciblé au cours de cette attaque. Il se trouvait donc au mauvais endroit au mauvais moment, selon l’expression consacrée. Ce n’est que plus tard lorsqu’on s’est intéressé au passé des victimes que l’hypothèse d’un possible assassinat a été envisagée. Car Léon Finné, gérant du siège de banque avenue Louise, proche du palais de Justice entretenait des relations proches avec des gendarmes, des policiers et des magistrats qu’ils rencontraient dans le cadre de son métier de banquier. Qui plus est, il était "informateur" de plusieurs services de police et de renseignement en Belgique et à l’étranger comme en témoigne son carnet d’adresses.

Les rumeurs de projet de "Coup d’Etat" de 1973 dont il aurait été informé et dans lequel la banque Copine aurait joué un rôle ont bien été rapportées au major Vernaillen et non comme la série le laisse supposer à "Goffinart" qui n’est autre que l’adjudant de gendarmerie Goffinon. Il en a parlé également au commissaire Christian Devroom de la police judiciaire. Mais les deux enquêteurs ont déclaré ne pas avoir pris cela au sérieux. Ont-ils eu tort ? Le dossier d’enquête contient des noms de personnes citées comme préparant cette opération en 1973 mais aucune enquête sérieuse n’a semble-t-il permis d’y voir clair et cela reste aujourd’hui encore "une rumeur".

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Les attaques de Braine et Overijse, huit morts en une soirée

© Thomas Nolf

En un seul soir, trois hommes attaquent successivement les Delhaize de Braine-l’Alleud et Overijse aux heures de fermeture. Moins d’une demi-heure sépare les deux attaques effectuées par la même équipe. A Braine, trois clients seront froidement abattus à coups de riot-gun, tandis qu’à Overijse, cinq autres victimes dont un enfant de 14 ans s’ajouteront à ce décompte macabre. Les tueurs disparaissent à bord d’une même VW Golf selon les témoins. Relevons que ces deux attaques se déroulent dans un contexte particulier, deux semaines plus tard, des élections législatives ont lieu en Belgique. Elles se traduiront par la reconduction de la coalition de centre droit "Gol-Martens".

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Delhaize d’Alost, la dernière attaque mais la plus meurtrière, huit morts

© Thomas Nolf

Six semaines à peine après les Delhaize de Braine et Overijse, alors qu’un suspect se trouve en prison pour une autre cause, les tueurs reviennent à Alost pour s’en prendre à nouveau à un Delhaize. Un total de huit victimes sera recensé à l’issue de l’attaque qui se déroule selon un scénario assez semblable à celui du 27 septembre 1985. Les victimes sont abattues et parfois achevées à bout portant dans le magasin ou sur le parking. Dès leur arrivée, les tueurs tirent sur tous ceux qu’ils trouvent sur leur chemin et parfois assis dans des voitures. Ce sera le plus lourd bilan attribué aux tueurs où deux enfants seront également abattus. Selon les rares témoins qui ont pu assister à la scène près du parking, les auteurs ont fait preuve d’un sang froid impressionnant au moment de la confrontation avec les policiers lorsqu’ils quittent le parking à bord d’une VW Golf dont la banquette arrière a été enlevée permettant à l’un des tueurs de se jeter dans la voiture par le hayon arrière du véhicule.

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Zone de repli des tueurs : le bois de la Houssière

Situé en partie sur la commune de Braine le comte, la zone de repli des tueurs est proche du canal de Charleroi où sera retrouvée en 1986, une partie des armes des tueurs. Après Alost, leur voiture a également été brûlée à cet endroit. Sans oublier que des promeneurs retrouveront au même endroit peu avant l’attaque d’Alost, les chèques volés dans les Delhaize de Braine et Overijse le 27 septembre 1985. Plusieurs suspects de l’enquête membres du WNP ont fréquenté ce bois pour s’entraîner au tir près d’une carrière proche.

À l’occasion de la diffusion de "1985", la RTBF propose un podcast inédit qui relate les faits et permet de recontextualiser la série. Un documentaire de 8 épisodes de 30 minutes à retrouver en intégralité dès le 22 janvier sur Auvio, Vivacité et les applications de podcast.

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