Rassemblements festifs : "On va envoyer des patrouilles de police mais il faut que les gens se reprennent", déclare le bourgmestre de Bruxelles

Anderlecht / Rave party la nuit dernière

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Ces images ont fait le tour des réseaux sociaux et des médias ce week-end. Des centaines de citoyens rassemblés à Ixelles, à Anderlecht ou encore à Hasselt. Ensemble pour danser, chanter, boire, plus proches les uns des autres.

Et la distanciation physique là-dedans ? Aux oubliettes ? Même si le nombre de personnes infectées au coronavirus est en baisse, la Belgique n’est pas encore totalement à l’abri du virus. Et il faudra encore du temps pour cela !

Du coup, en voyant les images de ces rassemblements, les experts mettent en garde contre le risque d’une recrudescence des infections. Les autorités politiques, elles, tentent de parler d’une même voix. Ce qui n’est pas nécessairement facile entre les différents niveaux : local, régional et fédéral.

Les experts mettent en garde

En voyant les images des rassemblements de ce week-end, la plupart des experts ont cru faire un mauvais cauchemar. "On a tellement répété pendant des semaines qu’il faut respecter les mesures sanitaires et la distanciation physique, que ce genre de rassemblement est incompréhensible", nous glisse l’un des experts scientifiques qui travaillent à la stratégie de déconfinement (GEES).

Erika Vlieghe, la présidente de ce groupe d’experts, n’y va pas par quatre chemins : "Si on continue comme cela, ça va mal finir". Interrogée par nos confrères de la VRT, la virologue parle de "comportement inapproprié, pas raisonnable" et rappelle que le virus est toujours bien présent.

Ces gens n’ont-ils rien retenu de ces derniers mois ?

Prenant en exemple la situation actuelle de Pékin où des nouvelles mesures sont prises, le virologue Marc Van Ranst est lui aussi très remonté par rapport aux rassemblements de ce week-end : "Où étaient ces gens, n’ont-ils rien retenu de ces derniers mois ?" Marc Van Ranst pointe du doigt les autorités. "Cela dure depuis quelques jours déjà. En tant que policier, déclare-t-il, vous devez empêcher que tant de personnes se rassemblent."

De la tolérance à la sanction

"Nous avons invité les gens à se séparer", explique Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles. "Mais ce n’était pas évident vu le nombre de personnes. Notre intention n’est pas d’intervenir durement, nous comptions sur la compréhension des mesures en vigueur". Sauf que cela n’a manifestement pas suffi puisque, dans les faits, certains groupes de personnes sont allés s’installer sur d’autres places à proximité. Ce samedi, la police n’a procédé à aucune arrestation.

Mais depuis, le bourgmestre d’Ixelles, l’Ecolo Christos Doulkeridis a annoncé que plus aucun événement de ce genre ne sera toléré. La zone de police Bruxelles-Capitale/Ixelles va renforcer ces prochains jours son dispositif afin de faire respecter les règles de distanciation physique. "Toute personne qui vient à se retrouver en infraction aux mesures édictées pour ralentir l’épidémie de coronavirus se verra recevoir un procès-verbal", précise Ilse Van de Keere.

On va envoyer des patrouilles mais il faut que les gens se reprennent

Même s’il n’y a pas eu ce genre de rassemblement sur le territoire de la Ville de Bruxelles, son bourgmestre Philippe Close (PS) reconnaît que la difficulté réside dans la fermeture de tous les cafés à la même heure. "Tout fermer à 1 heure du matin draine évidemment du monde dans les rues". Le socialiste annonce que la ville va aussi prendre des mesures : "On va envoyer des patrouilles mais il faut que les gens se reprennent, qu’ils comprennent que l’objectif sanitaire est plus important que la fête".

Les exemples d’Ostende et Louvain

Pour éviter ce genre de rassemblement, les autorités d’Ostende ont décidé d’interdire l’accès à certains endroits pour les personnes qui ne respecteraient pas la distanciation physique. De même à Louvain, autre lieu festif, le bourgmestre se réjouit de ne pas rencontrer de problème de cet ordre dans l’espace public. "Il y a du monde, c’est agréable. C’est une bonne chose pour le secteur Horeca. Si on combine des mesures préventives suffisantes, une bonne communication et la surveillance par la police, et le personnel Horeca, cela fonctionne très bien" constate le bourgmestre socialiste Mohammed Ridouani.

Au menu du prochain Conseil national de sécurité

Le bourgmestre d’Ixelles Christos Doulkeridis estime que le problème de ces rassemblements festifs est plus général et dépasse la seule commune d’Ixelles. "L’évolution des chiffres concernant l’épidémie fait en sorte qu’une partie de la population ne parvient plus à adhérer à la norme qui a été édictée par le Conseil national de sécurité. Je tire la sonnette d’alarme car ce phénomène va se multiplier", prévient Christos Doulkeridis.


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Le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) s’est concerté dimanche avec la Première ministre, Sophie Wilmès, et le ministre de l’Intérieur, Pieter De Crem (CD&V) à ce propos. Les rassemblements festifs seront évoqués au prochain Conseil national de sécurité prévu ce mercredi. En attendant, les autorités politiques en appellent à la responsabilité civique de chaque citoyen.

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