Tout cet été, Nicolas Blanmont vous propose ses Carnets d’Opéra émis depuis les plus prestigieuses maisons d’opéra européennes. On retrouve Nicolas Blanmont à l’Innsbruck, un des festivals de musique ancienne les plus réputés d’Europe, met un point d’honneur à monter chaque été en version scénique trois opéras baroques oubliés.
Cette année, avant L’Amazzone Corsara de Carlo Pallavicino et Astarto de Giovanni Bononcini, on peut découvrir Silla de Carl Heinrich Graun. Graun, c’est ce maître de chapelle de Frédéric Le Grand, le fameux Roi de Prusse, dont René Jacobs avait déjà enregistré pour Harmonia Mundi l’opéra Cleopatra e Cesare. Ce Silla que l’on peut voir à Innsbruck fut créé à Berlin en 1753 : il s’inspire de la vie de Lucius Sylla, un dictateur romain qui allait également être le héros vingt ans plus tard d’un des premiers grands opéras de Mozart.
Musicalement, la partition de Graun est à mi-chemin entre le pur style da capo des opéras italiens de Haendel et les premiers Mozart, avec déjà quelques ensembles et des chœurs. Mais l’originalité de l’œuvre vient sans doute surtout du livret : il est de la plume du Roi Frédéric II lui-même qui, avec l’aide d’un versificateur italien, rédigea pour son maître de chapelle les livrets de trois opéras mettant en scène des hommes d’État qu’il admirait. Flûtiste (élève de Quantz !) et compositeur de sonates pour flûtes, le Roi philosophe était donc également librettiste.
Alessandro de Marchi dirige la soirée avec efficacité, fort d’une belle brochette de solistes parmi lesquels les contreténors Bejun Mehta et Valere Sabadus, le sopraniste Samuel Marino et les sopranos Roberta Invernizzi et Eleonora Bellocci. La mise en scène de Georg Quander n’apporte pas grand-chose, sinon les jolis costumes de Julia Dietrich.