La commission parlementaire de suivi des organes de contrôle des services de police et du renseignement a recalé ce mardi le rapport du Comité P, rendu en conclusion de sa mission portant sur la gestion par les équipes belges des événements qui ont conduit aux attentats de Paris.
La commission parlementaire a décidé à l'unanimité, majorité et opposition, de permettre aux services de police incriminés de pouvoir répondre point par point. Ce n'est qu'en possession de leurs répliques que les députés analyseront, la semaine prochaine, le rapport sur le fond.
"Il y a une impression générale d'instruction à charge et sans contextualisation. J'ai réclamé que les services 'terro' de la police puissent répliquer point par point", a déclaré à la RTBF la cheffe de groupe PS Laurette Onkelinx.
"Il ne s'agit pas de parler d'un rapport qui est incomplet, et qui est construit selon une méthode qui n'est pas objective, selon une méthodologie qui est assez justement contestée. Il s'agit d'attendre la réponse des services qui se sentent accablés mais qui n'ont pas pu répondre à un certain nombre de critiques", selon le député MR Denis Ducarme, qui souligne l'unanimité de la démarche rassemblant majorité et opposition.
"Ne pas couper l'élan des policiers"
Le chef de groupe de la N-VA Peter De Roover est également d'avis qu'il est trop tôt pour réagir à un rapport sans avoir eu les réponses de la police. "Il faut veiller à ne pas laisser entendre que les services de police ne font pas correctement leur travail, éviter de pointer trop facilement du doigt et faire attention à ne pas couper l'élan des policiers", a indiqué le député du parti du ministre de l'Intérieur Jan Jambon.
Au-delà de ces critiques sur la méthode, tous les parlementaires ne partagent pas le ton de la réaction de certains de leurs collègues et d'aucuns auraient voulu pouvoir débuter dès ce mardi une discussion sur le fond.
"Il s'agit d'une véritable enquête du comité P, qui n'est pas uniquement à charge, un travail précis, détaillé et factuel qui met au jour un certain nombre d'éléments consternants", a commenté Georges Dallemagne (cdH). "Il n'y a certainement pas d'unanimité pour jeter l'opprobre sur le comité P".
Sur les bancs écologistes, Gilles Vanden Burre appelle également à la prudence et à la sérénité. "S'il est vrai que c'est collégialement que nous avons décidé de permettre des répliques écrites de la part des services, il n'en demeure pas moins qu'il existe aujourd'hui un rapport de qualité. Il y a un équilibre, l'analyse est faite et le travail sera sérieux et complet quand nous aurons l'information des services", a-t-il précisé, invitant lui aussi à "ne pas jeter le doute sur le travail du comité P".
Le député sp.a Hans Bonte a pour sa part dit déceler dans le rapport du comité P un "suivi dysfonctionnel des radicalisés" à Bruxelles, dû probablement à "un problème de capacité" et une approche différente des réalités.
La commissaire générale de la police fédérale Catherine De Bolle est invitée à rassembler les répliques des policiers et les rapporter par écrit aux parlementaires pour la semaine prochaine.
Entre-temps, le rapport du comité P sera disponible dans une version 'eyes only' pour la commission d'enquête parlementaire sur les attentats mais également pour le Premier ministre, le ministre de l'Intérieur et le ministre de la Justice.
Le SLFP-Police salue la décision "extrêmement sage" de la Commission
Le syndicat SLFP-Police a qualifié mardi d'"extrêmement sage" la décision des membres de la commission parlementaire de suivi des organes de contrôle des services de police et du renseignement de permettre aux services incriminés dans un rapport du comité P de pouvoir répondre point par point.
"Nous abondons dans le sens des parlementaires", a commenté Vincent Gilles, président du SLFP-Police. "Ce rapport paraît excessivement à charge. C'est bien que les députés ne se soient pas laissés gruger et permettent aux services concernés de s'exprimer."
Le délégué permanent à la CSC-Police Stéphane Deldicque a pour sa part rappelé le problème généralisé de recrutement au sein de la police et le manque d'enquêteurs spécialisés en matière de lutte contre le terrorisme. "Il faudra voir si ce manque de moyens a eu un impact sur l'enquête et la qualité de celle-ci", a-t-il ajouté.