Les négociations pour finaliser le nouveau rapport des experts climat de l'ONU (Giec) sur les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre n'étaient toujours pas terminées dimanche soir, entravées par des questions liées à la finance, selon des participants.
Les discussions ligne par ligne, mot par mot, du "résumé pour les décideurs", sorte de condensé politiquement sensible du rapport scientifique de près de 3.000 pages, avaient commencé le 21 mars et devaient en principe se terminer vendredi 1er avril, pour une publication lundi matin.
Mais dimanche soir, la session en ligne et à huis clos n'était toujours pas terminée, après deux semaines difficiles.
90% d'approbation
"Nous sommes à 90% d'approbation" de ce résumé d'une quarantaine de pages, a indiqué une source à l'intérieur des négociations, précisant que des questions liées à la finance étaient au centre des discussions.
Les Etats-Unis notamment sont réticents à l'intégration de données qui montrent les flux financiers très importants dont auraient besoin les pays en développement pour réduire leurs émissions et respecter l'accord de Paris, tandis que la Chine veut les mettre en avant, selon cette source.
Les données resteraient présentes dans le rapport de près de 3.000 pages mais certains pays riches dont les Etats-Unis ne les veulent pas dans le résumé pour les décideurs.
Il n'est pas inhabituel que les discussions de ces résumés pour les décideurs entre les scientifiques et les délégations nationales débordent. Mais ce texte, qui doit insister sur la nécessité de réduire drastiquement toutes les émissions, touche à l'organisation même de nos modes de vie, de consommation et de production.
Avec des options, des chemins, des rythmes, sur lesquels les divers gouvernements ne convergent pas.
Certains militants climat craignent une dilution du message
Comparé aux autres sur la science et les effets du réchauffement, ce rapport aborde des questions qui impactent les économies, ce qui rapproche ses enjeux de ceux des conférences climat de l'ONU, note un autre participant.
Dans un contexte de guerre en Ukraine qui souligne la dépendance des économies aux énergies fossiles, certains militants climat craignent une dilution du message.
"La crise climatique s'accélère et les énergies fossiles en sont la cause majeure. Un rapport sur la baisse des émissions qui ne soulignerait pas cet état de fait nierait la science sur laquelle le Giec se repose", a indiqué Nikki Reisch, du Center for International Environmental Law.
Ce rapport toujours attendu lundi, dernier d'une série de trois, se penche sur les chemins possibles pour freiner le réchauffement, en déclinant les possibilités par grands secteurs (énergie, transport, industrie, agriculture...) sans oublier les questions d'acceptabilité sociale et la place des technologies comme le captage et le stockage du carbone.
Dans le premier volet de son rapport publié en août 2021, le Giec pointait du doigt l'accélération du réchauffement, prédisant que le seuil de +1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle pourrait être atteint déjà autour de 2030.
Le deuxième, fin février, dressait un tableau plus que sombre des impacts passés, présents et futurs sur la population et les écosystèmes, soulignant que retarder l'action réduisait les chances d'un "avenir vivable".