Economie

Rapport annuel de la BNB : une crise globalement bien gérée d'un point de vue économique, mais avec des disparités régionales

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D'un point de vue économique global, la crise provoquée par la pandémie de covid-19 a été bien gérée en Belgique, conclut la Banque nationale de Belgique dans son rapport annuel 2021. "La croissance belge a rebondi non seulement plus que prévu mais aussi plus vigoureusement que chez nos voisins." L'activité économique a crû de 6,1% l'an dernier, effaçant ses pertes de l'année 2020. Evoquant un "presque grand cru", le gouverneur de la BNB, Pierre Wunsch, rappelle toutefois que comme la crise l'a été, la reprise est inégale et asymétrique.

Grandes différences sectorielles

L'emploi a évolué positivement (+1,8%) tandis que le chômage a baissé de 30.000 unités. L'économie belge sort de 2021 avec 87.000 emplois supplémentaires (68.000 salariés et 19.000 indépendants). "Mais de grandes différences sectorielles ont émergé, avec des pertes sèches confirmées dans l'horeca et dans d'autres branches vulnérables aux mesures sanitaires", relève la BNB. En outre, "la crise a accru les inégalités de revenus et creusé les disparités géographiques", la reprise ayant été plus dynamique sur le marché du travail en Flandre. 

Cependant, "le tsunami de faillites attendu n'a pas eu lieu", ressort-il du rapport annuel de l'institution. "Au contraire, la moyenne mensuelle de moins de 600 faillites observée depuis mars 2020 est nettement inférieure aux plus de 800 recensées sur la décennie 2010-2019." La Banque y voit notamment un effet des mesures de soutien appliquées par les pouvoir publics.

Les finances publiques ont donc pleinement joué leur rôle d'amortisseur, avec 13,9 milliards d'euros d'aides, mais au prix d'un lourd déficit (-6,3% du PIB). L'évolution de la dette en Wallonie et à Bruxelles est d'ailleurs jugée "préoccupante". "Il est important que les mesures soient limitées dans le temps pour ne pas alourdir trop la dette publique", note le gouverneur Wunsch. "La phase de la crise où il fallait tout faire pour soutenir l'économie est derrière nous." Un maintien des mesures de soutien à la demande risque, de plus, "de mettre de l'huile sur le feu au niveau de l'inflation". 

Sortie de crise plus chaotique

Reste que si la phase de crise aura finalement été "assez simple" à gérer, la sortie risque d'être plus chaotique en raison d'un nombre important d'incertitudes auxquelles il faut faire face, relève encore M. Wunsch.

Parmi celles-ci, il note "la prolifération exponentielle du nouveau variant Omicron", les contraintes d'offre et la hausse importante des prix de l'énergie et des matières premières. Ce sont tout autant de "menaces pesant sur la croissance", au même titre que "les retards accumulés dans le règlement des problèmes structurels de longue date", telle que la soutenabilité des finances publiques. 

En terme "strictement budgétaire", la BNB recommande aux autorités publiques de ramener le déficit "dans un premier temps, on peut l'espérer pour la fin de la législature, à 3% pour stabiliser la dette". Et puis de "recréer des marges de manœuvre simplement pour pouvoir faire face à un choc (...) et pouvoir à nouveau soutenir l'économie comme on l'a fait en 2020 et 2021 pour toute une série de secteurs qui restent soumis à des mesures restrictives", conclut Pierre Wunsch.

"Manque de cohérence" dans la politique environnementale

"Il y a un manque de cohérence dans la politique environnementale de la Belgique", a estimé le gouverneur de la Banque nationale de Belgique, Pierre Wunsch, en marge de la présentation du rapport annuel de l'institution. "Tout le monde sait ce qu'il faut faire, mais pas comment le faire." Les autorités politiques "devraient concrétiser sans tarder un cadre réglementaire stable et crédible pour le marché de l'énergie, afin de réduire l'incertitude et, ainsi, soutenir les investissements privés largement requis", selon la BNB.

Pour la majorité des économistes, l'instrument le plus efficace pour la transition vers une économie bas carbone est la taxation du CO2. En Belgique, les prix implicites du CO2 qui découlent des taxations indirectes sont très disparates, note la BNB. "L'efficacité de la taxation du CO2 en Belgique pourrait être considérablement améliorée en rendant les prélèvements plus neutres sur le plan des émissions", alors qu'actuellement, le chauffage des habitations et les voitures de société sont épargnés tandis que les autres émissions générées par le reste du transport routier "sont relativement lourdement taxées". La BNB estime "qu'un tel glissement de fiscalité favoriserait en outre les technologies les plus efficaces en matière de réductions des émissions". "Certaines mesures coûtent très cher alors qu'il y a encore d'autres moyens" efficaces et plus accessibles pour réduire les émissions en Belgique, ce qui revient à un "gaspillage d'argent public", relève encore Pierre Wunsch.

Enfin, la BNB rappelle l'électricité verte est de plus en plus concurrentielle. Selon une étude menée en 2018 pour le compte de la commission européenne, le prix du kW issu de l'éolien terrestre, l'éolien offshore ou encore des installations photovoltaïques à grande échelle, était plus faible que celui issu d'une centrale turbine-gaz vapeur et sensiblement inférieur au prix de l'électricité observé sur les marchés au dernier trimestre de 2021.

L'augmentation du prix de l'électricité favorise le photovoltaïque : JT 08/01/2022

Prix de l électricité / Tout bénéfice pour le photovoltaïque

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