Dans Rachmaninov ou l’art noble, Cécile Poss part à la découverte du mystérieux Sergueï Rachmaninov, le pianiste, le compositeur ou encore le chef d’orchestre. Place à l’épisode 2, l’heure de la discipline.
Le 13 mars 1881, le tsar Alexandre II est assassiné. Son fils Alexandre III lui succède et venge la mort de son père à coups de contre-réformes. C’est dans ce climat que Serge Rachmaninov gagne Moscou pour y étudier le piano auprès de Zverev. Il y apprend une discipline de fer, lever aux aurores, travail intensif mais également sorties culturelles, qui selon Zverev, sont indispensables à la formation de tout musicien.
"J’ai ressenti le besoin de composer lorsque j’étais en classe de piano au Conservatoire de Moscou. J’ai commencé à étudier la théorie musicale et l’art de composition avec les professeurs Taneïev et Arensky" confie Rachmaninov qui obtient son diplôme de composition en écrivant son 1er concerto pour piano et son 1er opéra, Aleko. Dans le jury de cet examen final, siège une personnalité qui aura une grande influence sur Serge, Piotr Illytch Tchaïkovsky.
"Lorsque je pense à mon parcours me revient invariablement le soutien de Tchaïkovsky. Il considérait que j’avais du talent, m’encourageait de toutes les manières possibles et m’aida à progresser", écrit Serge Rachmaninov qui, durant ses jeunes années, écrit aussi son 1er prélude en do dièse mineur.
C’est un succès tel que même l’auteur s’en étonne : "Vous voyez, l’année de mes débuts de compositeur a été relativement intense. J’ai composé plusieurs choses sérieuses, l’une après l’autre, mais il est curieux que ce soit mon prélude en do dièse mineur, une petite pièce pour piano, qui m’ait rendu célèbre dans tout le pays. Dans mon pays, cette œuvre était une simple étape de mon passé ; et elle n’était pour moi qu’un souvenir de jeunesse jusqu’à ce voyage en Angleterre il y a quelques années où j’ai eu la surprise de voir que tous les jeunes pianistes la jouaient. Lorsqu’après cela j’ai été invité aux Etats-Unis, j’ai demandé si j’y étais suffisamment connu pour que le public trouve un intérêt à venir me voir jouer. On m’a aussitôt fait voir que tous les musiciens me connaissaient comme l’auteur du prélude en do dièse mineur".