Rachmaninov ou l'art noble

Rachmaninov ou l’art noble - Episode 10 : L'exil

Rachmaninov ou l'art noble

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Par Cécile Poss via

Dans Rachmaninov ou l’art noble, Cécile Poss part à la découverte du mystérieux Sergueï Rachmaninov, le pianiste, le compositeur ou encore le chef d’orchestre. Place à l’épisode 10, intitulé "L'exil".

" Il y a des interprètes au jeu toujours identique, que l’on pourrait comparer à des plats servis dans un restaurant qui auraient tous le même goût. Une individualité affirmée est nécessaire à la réussite d’un interprète., chacune de ses performances doit porter ses couleurs. Mais il convient en même temps de rechercher la diversité. Il faut jouer une ballade de Chopin différemment d’un capriccio de Scarlatti. Une sonate de Beethoven n’a rien de commun avec une rhapsodie de Liszt. Si le musicien n’est pas capable de communiquer à l’auditoire le sentiment de l’œuvre, l’interprète est à peine meilleur qu’un piano mécanique " confie Rachmaninov qui est le seul pianiste à jouer sans faire de grimaces, comme le souligne Stravinsky. 

Rachmaninov avec ses petits-enfants
Rachmaninov avec ses petits-enfants © Bettmann Archive - Bettmann / Getty Images

Le jeu de Rachmaninov frappe par ses qualités, droit, clair, précis, simple sans fioritures, un jeu à la dignité silencieuse à l’image de l’homme Rachmaninov. Après le Krash boursier de 1929, il achète deux propriétés, l’une en France, l’autre en Suisse, il s’inquiète de la montée au pouvoir des nazis et cosigne une lettre ouverte dans le NY Times, dénonçant le stalinisme. En outre, il souffre d’être déraciné : " Lorsque je joue, je ne peux pas composer ; et lorsque je compose je n'ai pas envie de jouer. C'est peut-être par paresse, ou parce que travailler constamment au piano est indissociable de la vie de concertiste et que j'y perds mes forces. Je sens peut-être aussi que la musique que j'ai envie d'écrire n'est pas recevable aujourd'hui. A moins que la véritable raison de tout cela ne soit que ces dernières années j'ai préféré la vie d'interprète à celle de compositeur, qui est tout autre. En quittant la Russie, j'ai perdu le désir de composer. En perdant mon pays je me suis perdu aussi. A l'exilé qui a perdu ses racines musicales, ses traditions, sa terre natale et le désir de créer, il ne reste pas d'autre consolation que le silence des souvenirs inaltérables".

Sur l’ensemble de son œuvre, Rachmaninov n’écrira que 4 œuvres en exil, de 1917 à 1943. Parmi elles, son dernier opus, les danses symphoniques, composées en 1941, deux ans avant qu’il ne succombe à un cancer, le 28 mars 1943. 

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