Qui est Couche-Tard, partenaire de Total Energies pour gérer les stations-service belges ?

Elle a débarqué dans le Vieux monde en 2012, en rachetant le détaillant norvégien Statoil. Chez nos voisins français, elle est mieux connue pour avoir proposé de racheter Carrefour pour 16 milliards d’euros en 2021, rappelle L’Express. Un projet auquel le ministre de l’Économie Bruno Le Maire avait mis son véto.

Aujourd’hui, elle compte plus de 3000 magasins en Europe. En Allemagne et aux Pays-Bas, elle vient de racheter à Total la totalité de ses stations-service. En Belgique et au Luxembourg, elle et Total vont fonder une société (une "coentreprise") détenue à 40% par TotalEnergies et à 60% par Couche-Tard. Pour autant, nos stations-service ne vont pas changer de visage : la marque Total sera gardée tant que les stations seront approvisionnées en carburants par Total, durant au moins cinq ans.

En fin de compte, cet achat permettra à la marque québécoise d’avoir mis la main sur 2193 stations-service de Total, détaille le quotidien québécois Le Devoir. La fin de l’acquisition est prévue pour fin 2023, et la transaction aura une valeur totale de 3,1 milliards d’euros.

Or l’alliance entre Couche-Tard et Total n’a rien du hasard. Du côté de Total, on cherche à se repositionner en vue de la fin des véhicules thermiques prévue pour 2035 en Europe. En effet, elle ne cache pas que l’alliance avec la marque québécoise en Belgique et au Luxembourg vise à accélérer "la transformation de ces deux réseaux en maximisant leurs ventes hors carburants pétroliers".

"Les stations-service doivent devenir de véritables lieux d’accueil au service des clients, plutôt que de simples points de distribution de carburants. C’est la raison pour laquelle TotalEnergies fait aujourd’hui appel à Couche-Tard et à son expertise reconnue dans l’exploitation de magasins de proximité adossés à des stations-service", avait d’ailleurs précisé Patrick Pouyanné, PDG de Total.

Cela révèle aussi un revirement dans la stratégie de Total : "Pendant longtemps, l’entreprise française a cherché à se repositionner sur du "low cost" en matière de prix de l’essence, sans offrir aucun service, rappelle Christophe Sancy de Gondola. Ici, on voit que l’entreprise française change son fusil d’épaule. C’est clairement une marche arrière. Et Couche-Tard, a, je pense, les clés pour innover dans ce domaine : elle n’a pas seulement des magasins, mais aussi un réseau pétrolier énorme en Scandinavie, Pologne, Irlande. C’est d’ailleurs intéressant et rassurant de voir qu’une entreprise est prête à investir autant : ce n’est pas un hasard si elle a tenu à avoir la majorité dans l’opération en Belgique et au Luxembourg. En tout cas, cela confirme et laisse présager que le secteur va véritablement évoluer et, à ce stade, il est difficile de savoir de quelle manière il va le faire."

La marque québécoise revendique en effet son expertise dans le secteur alimentaire, déclarant que 25% de ses ventes en Scandinavie venaient justement de ce secteur. "C’est significativement plus petit chez Total. Nous allons vite faire des projets pilotes de certains de nos concepts et les adapter au goût et à la culture locale", expliquait Brian Hannasch, président et chef de la direction chez Couche-Tard à nos confrères du Devoir.

L’entreprise s’est d’ailleurs développée par l’achat de ses concurrents, rappelle L’Express et, désormais, la vente de carburant représente 70% de son activité.

La nouvelle de son arrivée en Belgique n’a pas manqué d’ailleurs d’inquiéter les syndicats, qui craignent un scénario "à la Delhaize". Après une réunion entre les syndicats et les directions des deux sociétés, une nouvelle réunion est prévue mercredi prochain. Au total, les stations-service et les magasins associés emploient quelque 900 personnes en Belgique, auxquelles s’ajoutent 130 personnes dans les services auxiliaires.