Il y a une part de mystère sur l’origine de cet instrument : on ne sait pas trop d’où elle vient cette viole d’amour ! Elle est semblable aux instruments de la famille des violes, mais il semble qu’elle soit plus une cousine qu’une sœur.
C’est donc un instrument à cordes frottées, comme les autres violes et la famille des violons. On utilise un archet pour mettre les cordes en vibration. La viole d’amour a une forme similaire aux violes de l’époque baroque, elle date d’ailleurs de la même époque, peu ou prou, mais ses ouïes sont différentes. Les ouïes, ce sont les ouvertures qu’il y a sur la table de tous ces instruments, qui permettent au son de sortir, elles sont en miroir de part et d’autre du chevalet ! Sur un violon, par exemple, elles ont une forme de F, sur la viole d’amour, on est plus proche d’un motif de flamme ou de sabre, ce qui fait penser à une origine orientale. Mais rien n’est sûr.
Ce qui est certain, en revanche, c’est l’engouement pour cet instrument dès le 17e siècle. Au milieu du siècle, une lettre fait apparaître ce nom de “viole d’amour” pour la première fois, et c’est à la fin du siècle que l’instrument connaîtra un grand succès. Vivaldi écrira pour la viole d’amour mais aussi JS Bach, Carl Stamitz ou encore Joseph Haydn. Il faut dire que c’est un instrument à la sonorité toute particulière : en plus des cordes frottées par l’archet, la viole d’amour est munie de cordes en métal qui sont en dessous de ces cordes frottées, et que l’archet ne touche pas. Ces cordes sont appelées “sympathiques”, ce qui signifie qu’elles vibrent en résonance avec le jeu sur les autres cordes, par elles-mêmes, selon le principe physique de la propagation de l’onde par l’air, et qui met donc ces cordes en vibration.
Très utilisée donc au 17e siècle, puis au 18e, il y aura même des méthodes de viole d’amour, et puis elle tombera en désuétude, car le problème avec cet instrument, c’est qu’il n’a pas une grande puissance sonore. Donc, dans l’orchestre, aucune chance de rivaliser avec les violons. Elle est donc absente du 19e et il faut attendre le 20e pour son grand retour. Notamment, comme instrument soliste, dans des œuvres dédiées, on pense à Paul Hindemith ou Henri Casadesus, par exemple, ou via le retour du jeu sur instruments d’époque pour la période baroque.
La sonorité de la viole d’amour lui est propre, alors que son nom soit d’origine orientale, viole des Maures, d’après le nom de ce peuple d’Afrique du nord, ou viole d’amour par usage, peu importe, nous, on adore !