Les termes musicaux usuels renferment parfois leur lot de mystère. Et c’est le cas de la forme musicale que Clément Holvoet a choisi de nous faire découvrir, le rondo.
Il s’agit du rondo musical, c’est-à-dire le rondO et non le rondEAU littéraire, qui est une forme de poème qui apparaît très tôt, dès le 13e siècle. Le rondo, en musique, apparaît lui plus tard, seulement à la période baroque. Cependant, le rondeau baroque, lui, s’écrit rondEAU. Le rondeau baroque est en fait le synonyme de notre “refrain” moderne, comme dans du Johnny. Allumez le feu, est en effet un rondeau moderne, la basse continue en moins.
A l’origine, le rondeau est une forme musicale vocale qui désigne le refrain seul puis toute la pièce, c’est-à-dire l’alternance refrain et plusieurs couplets, avec les refrains qui sont identiques, et les couplets qui changent. C’est au 17e siècle que l’orthographe rondO apparaît. A partir de ce moment-là, la forme rondo désigne une forme instrumentale et non plus une forme vocale. Et par conséquent, les compositeurs vont l’utiliser dans les suites de danses, avec par exemple la gavotte, qui sera caractérisée “en rondeau” donc avec ces petits refrains et plusieurs couplets.
Que se passe-t-il quand la petite phrase musicale revient sans cesse ? On la mémorise. Et si la phrase est très réussie, on n’arrive plus à dormir. Voilà pourquoi dès l’ère baroque le rondeau plaît tant. Le public retient les airs et les connaît, donc il revient au concert pour entendre le refrain qu’il aura “siffloté” toute la journée. Quant aux couplets, c’est l’occasion pour le compositeur de proposer des variations et des extraits de bravoure technique. Ajoutons à ça que le tempo est assez enlevé et le caractère du rondo plutôt joyeux en général, et vous avez la recette parfaite pour une forme musicale réussie.
Le rondo est d’ailleurs la forme musicale fixe qui a perduré le plus longtemps comme telle dans l’histoire de la musique. Bien sûr, la forme un peu simple va évoluer, au 18e on trouvera l’alternance refrain/couplet trop simple donc on va complexifier la chose, on ajoute un deuxième type de refrain contrastant, puis les couplets vont reprendre des éléments des refrains et le développer, bref, on se rapprochera d’une forme bien connue la forme-sonate.