Telle est la question !

Qu’est-ce qu’un oratorio? Aux origines du genre lyrique

'A chorus of singers', 1732. Artist: William Hogarth

© Heritage Images

Par Clément Holvoet via

Aujourd'hui, Clément Holvoet vous parle de chant. Et plus précisément d'oratorio. C’est un mot que vous avez certainement déjà entendu, et peut-être même que vous avez déjà eu l’occasion d’en voir un sur scène. Mais de quoi s’agit-il?

L’oratorio est une œuvre musicale. Et précisément, une œuvre chantée. Mais pour aller aux origines de l’oratorio, il faut s'intéresser à la politique. Le genre de l’oratorio va prendre une forme sensible au début du 17ème siècle, et ce comme une conséquence de la Contre-Réforme. La Contre-Réforme, c’est la réaction de l’Eglise catholique face à la Réforme Protestante. Et ce qui s’est passé, notamment, c’est la formation de nouveaux ordres religieux dans le but de diffuser la foi catholique largement, de manière quasi offensive, et notamment avec la musique comme véhicule.

L’un de ces ordres s’appelle l’Ordre des Oratoriens. Les Oratoriens faisaient des réunions, qui avaient lieu entre les offices, dans la partie de l’église qui s’appelle l’oratoire, pour y discuter des textes et on y chantait aussi à plusieurs voix. Et il se fait que, petit à petit, ces réunions informelles ont eu un succès grandissant, avec le travail sur les textes et la musique en intermède. Pour être assez clair, les responsables de cet ordre ainsi que le pape de l'époque ont rapidement compris que la musique dans ce contexte attirait du monde, beaucoup de monde. 

Et c’est ainsi que la musique prenant de plus en plus de place, ces réunions sont devenues des concerts à part entière. Le lieu donnant donc le nom à ces concerts : oratoire, oratorio en italien. Du chant donc, principalement, mais pas de mise en scène ou de décor. C’est un peu comme de l’opéra, mais en forme concert si vous voulez, sans action sur scène.

Au départ, vous l’avez compris, l’oratorio a un sujet religieux. Mais au fil du temps, il a pu revêtir un aspect profane. La forme prend plus d’ampleur, on alterne les airs et les récitatifs, l'orchestre a un rôle de plus en plus important, il y a des chanteurs solistes et des chœurs, et l’oratorio prendra des trajectoires un peu différentes en fonction du pays dans lequel il évolue, en Italie, bien sûr, mais aussi en Allemagne et en Angleterre. Et le grand représentant de ceci chez les anglais est Handel.

Fini ici la sobriété des premiers oratoires italiens : Handel propose des paillettes, et c’est lui qui fixe la forme de l’oratorio en forme “concert” sur scène, sans costume ni décor particulier. L'ambiguïté profane/religieux va perdurer durant toute l’histoire de l’oratorio, et on peut avoir tout autant un oratorio tout à fait religieux comme La Passion selon Saint-Matthieu de Bach et un oratorio profane comme Le Paradis et la Péri de Robert Schumann. 

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