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L’économie régénérative, la symbiose avec la nature plutôt que le parasitisme

Tendances Première: Le Dossier

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Comme un arbre qui, quand il perd ses feuilles, régénère le sol, pour lui-même, pour d’autres arbres et d’autres espèces, l’économie régénérative permet à une organisation de laisser une empreinte positive sur son environnement. Pour parler de cette économie respectueuse du vivant, Isabelle Delannoy, auteure de L’économie symbiotique : Régénérer la planète, l’économie, la société, Quentin de Crayencour, chercheur et facilitateur en économie de la nature, en compétence entrepreneuriale et slow entrepreneuriat dans un esprit régénératif et Pierre-Paul Renders, scénariste, réalisateur et auteur de la websérie Des arbres qui marchent, étaient les invités de Tendances Première.

Economie : les lois qui régissent la maison commune

Isabelle Delannoy, ingénieure agronome de formation, explique que revenir à la source du mot 'Economie' nous permet de comprendre que l’économie actuelle, majoritairement extractive, est une parmi d’autres possibles. On peut choisir d’autres règles du jeu comme celles de l’économie régénérative : "On devra passer à cette économie où comme un terreau fertile, on prend des ressources pour augmenter la fertilité d’un milieu naturel, social, industriel… L’économie régénérative se veut globale".

  • Régénération des écosystèmes, dont dépend l’équilibre planétaire
  • Végétaliser les villes
  • Du côté industriel, il s’agit de réutiliser les composants, régénérer les matières, faire perdurer les machines
  • Du côté social, il s’agit de retrouver du sens.

Pour Quentin de Crayencour, le développement durable, c’est déjà trop tard. L’impact de l’homme est tel qu’aujourd’hui, il faut régénérer. Entouré d’un collectif de 15-20 personnes, il proposera dès septembre le programme Seedhope, un processus novateur et transformateur pour les entrepreneurs : "J’ai plusieurs casquettes dont celle d’aider des managers qui ont fait des prises de conscience pour donner plus de sens à leur production. S’interroger sur le rôle de leur entreprise sur cette terre et enclencher une démarche plus collaborative sera l’objet de notre programme d’accompagnement".

Des changements inspirants aux quatre coins du globe

Isabelle Delannoy, qui a passé dix ans de sa vie à débusquer des projets industriels liés à des usages nouveaux aux quatre coins du globe, développe quelques exemples :

  • Réutiliser l’eau comme à Nanterre : "on y réutilise l’eau, avec des bassins où les plantes épuration naturelle filtrent les eaux usées. Le lieu, très beau, est ouvert au public et l’on peut même y pique-niquer".
  • Végétaliser les toits d’une ville comme à Bâle, "permet de faire revenir insectes et oiseaux. Idem pour un corridor végétalisé le long des trottoirs qui permet de filtrer l’eau de pluie avant d’arriver dans les égouttoirs".
  • Créer des villes 'à quinze minutes' comme Portland, "qui a attiré 60% en plus de population avec 20% en moins de CO2. Tous les services sont accessibles en quinze minutes qui permettent de revoir nos modes de déplacement".

Pierre-Paul Renders, dont une de ses phrases fétiches est celle d’Albert Einstein, "On ne résout pas un problème avec les modes de pensée qui l’ont engendré", a vécu un véritable réveil spirituel lors de la prise de conscience de l’effondrement qui arrive : "Au travers de mon film, j’ai voulu faire connaître des gens qui, dans leur action, soutiennent une économie régénérative. Ce sont des personnes inspirantes de divers horizons culturels et géographiques, qui donnent envie de se mettre en mouvement, de changer son regard, de se reconnecter à notre désir de vie".

Une époque anxiogène et vivifiante à la fois

Pour Quentin de Crayencour, la nature n’est pas un objet, mais un sujet. Il s’agit selon lui de créer de nouveaux récits : "Souvent les personnes qui ont fait un burn-out ou un cancer prennent le temps de s’interroger sur le sens de leur vie. Je constate, de façon générale, de plus en plus de personnes se posent des questions 'de ce pour quoi ils se lèvent le matin'. C’est le moteur du changement. Je suis confiant même si des entreprises aujourd’hui n’ont plus de raison d’être, d’exister. Certains leaders doivent modifier complètement le mode de fonctionnement de leur entreprise. C’est souvent difficile mais de toute façon, il faudra le faire".

Pour Isabelle Delannoy constate : "L’économie régénérative, de par son efficacité, va s’imposer pour résoudre les problèmes de notre époque. Dans le sud de l’Europe, ils sont obligés de passer à une autre agriculture pour régénérer les sols vivants".

Et pour conclure Pierre-Paul Renders témoigne : "Le miracle de la vie est énorme. On a le choix d’y participer ou pas. Le moment de l’urgence fait se poser des questions fondamentales, c’est une catastrophe mais aussi une chance de la transformer en opportunités".

© Getty Images

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