Tendances Première

Quelle justice climatique pour les pays du sud ?

Par La Première via

Toute la semaine, Tendances Première consacre ses dossiers aux grands enjeux climatiques, en parallèle à la sortie du 3e rapport du GIEC. Aujourd’hui, focus sur les pays du sud et la justice climatique face aux changements.

Les deux invité.e.s du jour sont Rebecca Thissen, chargée de mission au sein du CNCD-11.11.11 et Pierre Rouschop de l’ONG Eclosio, initiative de l’Université de Liège active dans le développement durable dans certains pays du sud.

Le GIEC a donné une échéance : dans trois ans, il sera trop tard pour inverser la tendance. Si le constat est alarmant, il n’est pas sans optimisme. Car le rapport souligne aussi que tout est encore possible. Mais rien ne se fera sans que la justice climatique soit au centre des mesures.

La justice climatique est l’une des pierres angulaires des accords de Paris. Elle part d’un constat : ce sont celles et ceux qui polluent le moins qui seront, injustement, les premières victimes des changements climatiques.

Cela vaut pour des groupes sociaux, mais aussi pour des pays. Ceux en voie de développement sont déjà en train de subir de plein fouet les conséquences du réchauffement de la planète, alors que les principaux pollueurs sont les pays développés. C’est particulièrement vrai en Afrique, par exemple. Fortement touché par les changements climatiques extrêmes, c’est pourtant le continent qui contribue le moins aux émissions de gaz à effet de serre.

Pierre Rouschop s’est rendu dans certains de ces pays du sud, en Amérique latine.

Au Pérou, où j’ai vécu, les effets des changements climatiques sont très visibles. On est dans la Cordillère des Andes, où il y a des glaciers en perte de vitesse. On est dans des problèmes d’inondation, puisque les glaciers fondent et risquent de faire déborder les lacs d’altitude, des glissements de terrain, et à terme, de gros risques de sécheresse.

Le concept de justice climatique propose donc de lutter contre le réchauffement de manière globale, à travers la coopération au développement. Ce n’est pas une question de charité ou de solidarité avec des pays ou populations plus pauvres, comme on a tendance à le croire, c’est d’abord une nécessité pour limiter l’impact futur dans nos contrées.

Rebecca Thissen fait le parallèle avec vaccination contre le Covid-19. On a longtemps cru que la crise sanitaire s’arrêterait en Europe si une grande partie de la population européenne se faisait vacciner. On a donc négligé le reste du monde, et c’est précisément là que se sont développés les variants qui ont prolongé la pandémie chez nous. C’est le même principe pour la crise climatique.

Si on pense qu’on va juste réduire nos émissions de gaz à effet de serre en Europe sans penser à tous les impacts qu’il y a ailleurs dans le monde, on va droit dans le mur.

Vers des solutions communes

Dans les pays où elle travaille, Eclosio s’efforce de soutenir la transition agro-écologique qui permet de diminuer les émissions de carbone, d’améliorer la production des aliments bio et de favoriser les circuits courts.

Ce n’est pas toujours simple à mettre en pratique. Au Pérou par exemple, à 4000 ou 5000 m d’altitude, les conditions s’imposent d’elles-mêmes. La gestion de l’eau est à la base de toute la production agricole, et elle représente un vrai défi. Il faut aussi effectuer un travail sur une culture biodiversifiée, car la diversification des produits est un impératif économique si l’on veut une sécurité alimentaire pour les agriculteurs. Le développement des marchés locaux et bios ne va pas non plus de soi. Il n’est pas toujours facile à faire entrer dans les mœurs, car le bio est plus cher et la population n’a pas encore cette habitude de consommation. L’agriculture bio n’est donc pas souvent rentable, et elle n’est pas subventionnée comme ici.

La coopération menée par tous ces acteurs de terrains est donc indispensable, mais elle n’est pas à sens unique. On n’est loin du rapport "Occident qui vient donner des leçons d’écologie au reste du monde". D’ailleurs, plutôt que de parler d’aide au développement, on parle de coopération, car en travaillant dans les pays du sud, on travaille aussi pour l’Europe et l’hémisphère nord.

Ces pays ont aussi des leçons à nous apprendre. Le GIEC l’a dit, il faut se baser sur le savoir de populations autochtones qui font face aux conditions climatiques extrêmes parfois depuis des décennies. Leurs méthodes de résilience sont parfois beaucoup plus justes et adaptées que tout ce que l’on pourra faire dans des laboratoires occidentaux.

Les adaptations doivent se faire tant ici que là-bas. Le modèle de production doit s’adapter partout, et tant ici que là-bas, on peut mettre en avant une consommation différente. Les grands défis de ces pays nous concernent aussi, car ils finiront un jour ou l’autre par nous impacter.

Ensemble pour la planète, c’est le nouveau portail de la RTBF sur lequel nous vous proposons une multitude de contenus sur le thème des énergies, de l’écologie et de notre responsabilité dans la préservation des richesses naturelles. Cela pour mieux comprendre notre Terre et agir de manière plus raisonnable. 

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous