Le Scientific American vient de publier un article qui fait le tour des études se penchant sur cette question de la transmission aérienne par aérosol.
Avant de continuer, il est important de bien comprendre les termes employés (et de s’aider de l’anglais pour bien les différencier, la langue française n’offrant malheureusement pas le vocabulaire nécessaire) : la transmission par gouttelettes (droplets) fait bien référence à des gouttelettes d’une taille assez importante pour ne franchir que quelques mètres avant de se déposer au sol. La transmission par aérosol (airborne en anglais) se réfère elle à des plus petites gouttelettes, qui peuvent rester en suspension dans l’air. La séparation entre les deux n’est pas clairement définie, il s’agit plus d’un spectre de tailles de gouttelettes, leur permettant de rester plus ou moins longtemps en suspension dans l’air. D’où la difficulté d’estimer l’importance de la transmission aérienne. Car si l’on peut quantifier la présence du virus dans ces gouttelettes, il est extrêmement difficile d’estimer sa contagiosité réelle.
Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, les chercheurs commencent sérieusement à envisager que la contamination par aérosol est possible. Il reste à établir quelle est son importance par rapport aux autres modes de transmission, par gouttelettes (droplets) ou via les surfaces (meubles, sols, murs, etc.). Une étude récente parue dans le très réputé journal scientifique Nature a mesuré la quantité d’ARN dans différents lieux de deux hôpitaux de Wuhan. Les niveaux étaient plus élevés dans les pièces où se rassemblent des gens, les toilettes, et les endroits où les soignants enlèvent leurs protections, sans pour autant connaître le pouvoir infectieux de cet ARN. Une autre étude de "The New England Journal of Medicine" a estimé (par des tests en laboratoire) que le SARS-CoV-2 pouvait rester infectieux en aérosol pendant trois heures, voire plusieurs jours sur certaines surfaces — son pouvoir d’infection diminuant au fil du temps. Le problème de ces recherches étant qu’elles étudient des situations soit en milieu hospitalier, soit en condition de laboratoire : difficile alors d’estimer ce qu’il en est dans d’autres environnements, surtout lorsqu’il est question de flux d’air créés par des appareils de climatisation, de chauffage, de systèmes d’ouverture et fermeture automatique de portes, etc.
Un autre paramètre à prendre en compte, comme le souligne Tanya Lewis, l’auteure de l’article du Scientific American, est le fait qu’il semblerait que certaines personnes seraient bien plus infectieuses que d’autres. Les scientifiques parlent de la règle du 20/80 : 20% des personnes malades seraient responsables de 80% des transmissions. Par quels mécanismes, comment identifier ces personnes ultra-infectieuses ? La science n’a pas encore de réponse.
Surtout dans des cas bien spécifiques
Si elle n’est certainement pas le mode de transmission principal, la voie aérienne par aérosol peut participer à la dissémination du virus dans certains environnements fermés, certaines situations bien particulières. Les chercheurs, toujours en pleine investigation scientifique autour de ce nouveau coronavirus, ne peuvent toujours pas nous donner d’estimation claire sur la participation de cette voie de transmission par rapport à d’autres. Les premières études semblent indiquer qu’elle reste globalement marginale, mais doit être considérée dans des lieux où les contacts avec le virus sont intenses et fréquents, tels que les hôpitaux, maisons de repos, ou lors de rassemblements.