Quelle est l’importance de la transmission aérienne du coronavirus ? Ce que la science nous dit pour l’instant

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Par Adeline Louvigny

On nous le répète depuis des mois maintenant : le SARS-CoV-2, virus responsable de la pandémie de Covid-19, se transmet via les postillons et gouttelettes que nous émettons en parlant, toussant, éternuant. D’où la mise en application de la distanciation sociale de minimum 1.5 m (voire 4 à 5 m en cas d’activités sportives) pour diminuer le risque de transmission. Mais alors que les connaissances scientifiques s’étoffent autour de ce virus, connu depuis à peine 5 mois, les soupçons autour d’une transmission aérienne pèsent de plus en plus lourds. Avec en tête de file, ces deux études de cas : celle de ces 45 personnes contaminées au coronavirus lors d’une répétition de chorale, alors qu’elles avaient bien respecté les règles de distanciation sociale ; et cette fameuse étude qui a émis l’hypothèse de l’implication de l’air conditionné dans la contamination de trois familles dans un restaurant.


La transmission par gouttelettes, lors de contacts à distance courte, reste bel et bien le mode de transmission principal du virus. La question de l’importance des autres types de transmission est primordiale pour comprendre au mieux l’évolution du virus au sein de la population mondiale. Pour exemple, la pollution de l’air est un possible facteur aggravant pour les pathologies respiratoires, et une étude de deux universités italiennes a trouvé une corrélation entre pollution en particules fines et transmission du virus dans les zones polluées de Wuhan et du nord de l’Italie.


De nouvelles études éclairantes

Le Scientific American vient de publier un article qui fait le tour des études se penchant sur cette question de la transmission aérienne par aérosol.

Avant de continuer, il est important de bien comprendre les termes employés (et de s’aider de l’anglais pour bien les différencier, la langue française n’offrant malheureusement pas le vocabulaire nécessaire) : la transmission par gouttelettes (droplets) fait bien référence à des gouttelettes d’une taille assez importante pour ne franchir que quelques mètres avant de se déposer au sol. La transmission par aérosol (airborne en anglais) se réfère elle à des plus petites gouttelettes, qui peuvent rester en suspension dans l’air. La séparation entre les deux n’est pas clairement définie, il s’agit plus d’un spectre de tailles de gouttelettes, leur permettant de rester plus ou moins longtemps en suspension dans l’air. D’où la difficulté d’estimer l’importance de la transmission aérienne. Car si l’on peut quantifier la présence du virus dans ces gouttelettes, il est extrêmement difficile d’estimer sa contagiosité réelle.

Dans l’état actuel des connaissances scientifiques, les chercheurs commencent sérieusement à envisager que la contamination par aérosol est possible. Il reste à établir quelle est son importance par rapport aux autres modes de transmission, par gouttelettes (droplets) ou via les surfaces (meubles, sols, murs, etc.). Une étude récente parue dans le très réputé journal scientifique Nature a mesuré la quantité d’ARN dans différents lieux de deux hôpitaux de Wuhan. Les niveaux étaient plus élevés dans les pièces où se rassemblent des gens, les toilettes, et les endroits où les soignants enlèvent leurs protections, sans pour autant connaître le pouvoir infectieux de cet ARN. Une autre étude de "The New England Journal of Medicine" a estimé (par des tests en laboratoire) que le SARS-CoV-2 pouvait rester infectieux en aérosol pendant trois heures, voire plusieurs jours sur certaines surfaces — son pouvoir d’infection diminuant au fil du temps. Le problème de ces recherches étant qu’elles étudient des situations soit en milieu hospitalier, soit en condition de laboratoire : difficile alors d’estimer ce qu’il en est dans d’autres environnements, surtout lorsqu’il est question de flux d’air créés par des appareils de climatisation, de chauffage, de systèmes d’ouverture et fermeture automatique de portes, etc.

Un autre paramètre à prendre en compte, comme le souligne Tanya Lewis, l’auteure de l’article du Scientific American, est le fait qu’il semblerait que certaines personnes seraient bien plus infectieuses que d’autres. Les scientifiques parlent de la règle du 20/80 : 20% des personnes malades seraient responsables de 80% des transmissions. Par quels mécanismes, comment identifier ces personnes ultra-infectieuses ? La science n’a pas encore de réponse.

Surtout dans des cas bien spécifiques

Si elle n’est certainement pas le mode de transmission principal, la voie aérienne par aérosol peut participer à la dissémination du virus dans certains environnements fermés, certaines situations bien particulières. Les chercheurs, toujours en pleine investigation scientifique autour de ce nouveau coronavirus, ne peuvent toujours pas nous donner d’estimation claire sur la participation de cette voie de transmission par rapport à d’autres. Les premières études semblent indiquer qu’elle reste globalement marginale, mais doit être considérée dans des lieux où les contacts avec le virus sont intenses et fréquents, tels que les hôpitaux, maisons de repos, ou lors de rassemblements.

Extrait de la conférence de presse du SPF Santé publique et du Centre de crise national le 13/05/2020

Coronavirus et contamination : inquiétudes vis-à-vis de la reprise du travail et des cours

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