Alors que le débat sur le statut de l’épouse du président de la République française ressurgit régulièrement, intéressons-nous au rôle des Premières Dames de France. De Theresa Tallien, Joséphine Bonaparte, Élise Thiers ou Henriette Poincaré, à Brigitte Macron, en passant par Michelle Auriol, Germaine Coty, Yvonne de Gaulle ou Danielle Mitterrand, c’est la fonction même de Première Dame qui est questionnée à travers l’Histoire. Qui étaient ces femmes ? Qu’attendait-on d’elles ? Quelle relation entretenaient-elles avec le pouvoir de leur mari ? De quelle liberté jouissaient-elles ?
Joëlle Chevé, auteure de L’Elysée au féminin de la IIe à la Ve République. Entre devoir, pouvoir et désespoir (Ed. Le Rocher), nous raconte l'histoire des Premières Dames, au micro de Yasmine Boudaka. Joëlle Chevé est historienne, diplômée de l’Université de Paris IV Sorbonne, journaliste pour la revue Historia et chroniqueuse d’ouvrages historiques.
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Dans les démocraties, la Première Dame, épouse du dirigeant politique, n’a aucun statut. À l’inverse de la femme du Prince qui depuis l’Antiquité, en passant par la Royauté et la Révolution, avait un pouvoir reconnu par les institutions, celle du Chef de l’État est politiquement inexistante. Aux Etats-Unis, en revanche, le cadre est posé.
D’Eleanor Roosevelt à Jacky Kennedy et Michelle Obama, d’Yvonne de Gaulle à Cécilia et Carla Sarkozy, les médias ont contribué à donner une visibilité à celle qui n’est qu’apparence. Les hommes de pouvoir tirent bénéfice de l’exposition de leurs compagnes, lesquelles, refusant de jouer les potiches, s’immiscent peu ou prou dans les affaires publiques. Elles obtiennent ainsi une notoriété propre et par là même une certaine légitimité.
Les médias alors s’interrogent : quel rôle, officieux à défaut d’être officiel, tiennent-elles du fait de cette situation maritale ? Elles se trouvent de plus en plus en concurrence avec les femmes politiques, dont le nombre s’accroît et qui bénéficient, elles, de la légitimité démocratique.
Emmanuel Macron est à l’initiative d’un 'Statut de la Première Dame ou du Premier Homme', pour encadrer cette fonction officieuse qu’occupe celui ou celle qui accompagne le ou la cheffe de l’Etat français.
S’il n’y a pas de statut, on peut s’interroger sur la place qui a été réellement accordée à ces femmes qui se sont succédé au gré des Républiques. Car c’est bien leur président de mari qui est l’élu de la nation. L’épouse, elle, n’a aucun statut officiel et doit se cantonner en théorie à la sphère conjugale. Or, ce rôle est plus contraignant que gratifiant et il exige un engagement plus important que celui que l’on attend d’une simple 'épouse de'.
On connaît les Premières Dames les plus récentes ou les plus emblématiques : Brigitte Macron, Carla Bruni Sarkozy, Bernadette Chirac, Danièle Mitterand. Elles font partie de la Ve République française, mais le modèle de Première Dame de France s’est installé depuis la IIe République, à l’époque où l’Elysée est devenu le palais présidentiel.