Quel sera l'effet des "Trumponomics" sur l'économie américaine?

Donald Trump se veut le plus grand créateur de jobs de l'histoire. Mais les Etats-Unis ont-ils vraiment besoin de plus d'emplois?

© TIMOTHY A. CLARY - AFP

Temps de lecture
Par Michel Visart

Pour sa première conférence de presse depuis l'élection, Donald Trump n'a pas apporté d'éléments neufs sur le plan économique. Il a surtout répété qu'il serait le plus grand créateur de jobs que dieu ait fait.

Répondons d’abord à cette première question : quel est aujourd'hui l'état de l'économie américaine ? Même si l'on sait que l'impact du président sur l'économie est limité, on peut affirmer que le bilan des années Obama est plutôt bon. Voilà comment le résume le responsable de la stratégie de la banque privée Puilaetco Dewaay, Frank Vranken : "L’état de l’économie américaine est plutôt satisfaisant. On constate qu’il y a une accélération de la croissance, un marché de l’emploi qui s’est renforcé avec un taux de chômage à 4,7 %. La majorité des économistes sont en train de remonter leurs prévisions de croissance pour les six premiers mois de cette année. Mais attention, la Réserve fédérale est en train de remonter les taux d’intérêt". Et remonter les taux cela pourrait en principe peser sur la croissance.

Pronostics variables

A présent, il faut tenir compte désormais de l'arrivée de Donald Trump et de son programme économique choc. Un programme qui pour la partie investissement et impôt pourrait en effet booster la croissance. Les pronostics varient suivant les experts, les "Trumponomics" pourrait rapporter un demi pour cent de croissance, voire un peu plus.

Le conditionnel est de mise avec la perspective d'une guerre commerciale que souligne Frank Vranken : "Le protectionnisme fait du mal à tout le monde ! Si on instaure des tarifs nettement supérieurs pour toutes les importations en provenance de Chine, les Chinois ont déjà affirmé qu’ils en feraient autant dans l’autre sens. Avec le protectionnisme, on met clairement un frein sur la croissance et on importe davantage d’inflation car les produits et services seront plus chers. Maintenant, il faudra voir comment se déroulera la mise en place de telles mesures".

Un non-sens

Cela dit en forçant les entreprises à rapatrier leurs production, Donald Trump devrait quand même doper l'emploi. C'est logique mais il y a un non-sens dans cette stratégie. A environ 5 %, le taux de chômage est très bas et il y a peu de réserve de main d'œuvre. Or Trump veut fermer les frontières à l'immigration. Ce dont les Etats-Unis ont besoin, ce n'est pas de plus d'emplois, mais des emplois mieux payés car le vrai problème c'est le niveau de vie.

Et Wall Street ?

Depuis l'élection de Donald Trump, Wall Street est quasiment au sommet. Cela va-t-il durer ? La réponse de Frank Vranken : "J’ai des doutes car la valorisation de la bourse américaine est déjà très élevée aujourd’hui. Il faut donc avoir beaucoup de confiance dans la croissance des bénéfices futurs. Avec les mesures annoncées par Trump, on peut peut-être espérer une croissance de presque 10 % mais les entreprises américaines ne vont-elles pas utiliser ces bénéfices pour réduire leur endettement plutôt que pour investir ? Avec la banque centrale qui monte les taux, on est plus en fin de cycle qu’au début, donc je suis un peu méfiant".

Et si on retenait ce mot : la méfiance ? C'est peut-être ce qui caractérise le mieux l'attitude des économistes avec l'arrivée de ce président hors normes à la Maison blanche.

 

 

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Articles recommandés pour vous