Ce n’est malheureusement pas tout à fait le sens que prend notre système pour l’instant, regrette Aline Schoentjes.
"On envisage d’utiliser un algorithme pour identifier les femmes précarisées, et de les envoyer dans des consultations médicales collectives. C’est vraiment une belle idée, parce que c’est une façon de créer du lien social, de la solidarité entre les femmes, de renforcer le sentiment d’appartenance, de les sortir de l’isolement. Sauf que derrière cette noble intention, se cache un objectif beaucoup moins noble, qui est de réaliser des économies sur le dos des plus faibles, des plus fragiles. Il ne faudra pas payer un médecin, une sage-femme pour une femme en particulier."
Par ailleurs, le ministre de la Santé veut continuer à fermer les plus petites maternités. Il y a certainement moyen d’optimiser les forces pour un meilleur service. Mais si ce genre de politique crée d’un côté un désert médical et de l’autre, des usines à bébés, on sera de nouveau tous perdants.
Une réforme des soins de santé serait certainement utile et serait l’occasion idéale d’organiser de vrais soins de santé de première ligne, de proximité, avec des équipes de sages-femmes formées, pour que l’épigénome soit un peu moins malmené.
Concrètement, Aline Schoentjes recommande aux futures mamans de prendre contact avec une sage-femme et de construire avec elle leur suivi de grossesse, pour prendre soin non seulement de leur santé physique mais aussi de leur santé mentale et affective. La sage-femme ralentira le temps à chaque étape, de façon à sortir de ce rythme industriel, standardisé et algorithmé.