Telle est la question !

Quel opéra à succès le jeune Rossini composa en à peine deux semaines ?

Telle est la question

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Par Clément Holvoet via

Clément Holvoet évoque l’histoire derrière la création de l’opéra de Gioacchino Rossini L’Italienne à Alger, un opéra que le jeune compositeur aurait composé dans la plus grande hâte pour le Teatro San Benedetto.

Parfois, l’urgence permet la naissance de perles dans le répertoire classique. Et l’opéra de Rossini en est un. Ce n’est sans doute pas le plus connu mais L’Italienne à Alger pourrait facilement être qualifié de "chef-d’œuvre" de l’opéra-express.

Y a-t-il un compositeur dans la salle ?

Nous sommes en 1813, et à Venise, au Théâtre San Benedetto, la saison est très mal engagée. On a besoin, en très peu de temps, de relancer la machine, et faire revenir le public. La direction s’adresse alors au jeune Gioacchino Rossini, 21 ans à peine, pour sauver la situation et lui commande L’Italienne à Alger. Pour gagner du temps, on prend un livret déjà écrit, on le modifie un peu. Le projet est lancé et le tour est joué.

Le délai est fou : 27 jours seulement sont impartis pour la composition de l’opéra. L’Italienne à Alger, d’une certaine façon, est le premier véritable opéra de Rossini — en tout cas le premier tout à fait développé — puisque ses œuvres précédentes sont courtes et unitaires, souvent en un seul acte. Rossini relève donc, à cette occasion, le défi de proposer une plus grande œuvre dans l’urgence.

Rossini, un plagiaire ?

On raconte qu’en un peu plus de 2 semaines, Rossini avait bouclé le tout. Pour l’occasion, il compose une musique entièrement nouvelle, aucune récupération de ce qui s’était fait avant. Car Rossini aurait pu utiliser ce procédé, habituel à l’époque, de reprendre des parties de l’opéra d’un collègue.

Dans ce cas-ci, cela aurait pu être des bouts de l’opéra créé cinq ans avant, sur le même livret d’Angelo Anelli et sur la musique de Luigi Mosca. Mais Rossini écrit bel et bien une musique complètement neuve. Le succès est immense, l’opéra reste à l’affiche pour toute la saison.

Bien sûr, le succès attise la convoitise et on accuse Rossini de plagiat. Un soir, il décide de faire chanter l’un des airs dans chacune des versions à la suite : la sienne et la version de Mosca. Les accusations de copie tombèrent à plat immédiatement, aucune comparaison raisonnable ne pouvant être faite entre les deux musiques.

En plus de réaliser un tour de force en ce qui concerne la rapidité de composition, Rossini crée pour la première fois une possibilité de liberté quant au texte. Il introduit des onomatopées et des mots dépourvus de sens dans le chant. Cela confère au passage une grande drôlerie et un aspect loufoque, pour renforcer le côté farce de l’opéra, qui n’avait jamais été entendu avant. Du comique avant tout, et un peu de folie, voilà ce qui pourrait bien décrire l’œuvre de Rossini.

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