"Nous risquons un problème budgétaire or j'ai le devoir de rester en équilibre". Le ministre bruxellois de l'Emploi et de l’Économie, Didier Gosuin en est bien conscient, le transfert de l'activité des titres-services, du fédéral aux régions, risque de provoquer quelques grincements de dents dans un secteur important pour l'économie régionale bruxelloise. Créé en 2003 pour sortir les femmes de ménages du travail au noir, le secteur des titres-services a fait ses preuves mais il est aussi largement subsidié. Les familles ayant recours a une aide-ménagère payaient au départ 7,5 euros le titre-service et ont par ailleurs, la possibilité de déduire fiscalement le montant annuel dépensé. Aujourd'hui, le client paie 9 euros et la demande continue de croître.
Le titre-service bientôt à 10 euros?
L'impact du transfert de ce secteur à la région risque donc d'être lourd. En attendant de disposer des chiffres complets, le ministre Didier Gosuin a lancé un premier round de concertation et parmi les entreprises du secteur certaines affichent déjà leur inquiétude. Parmi les scénarios redoutés : celui d'une hausse du prix du titre-service. Pour Olivier Leroux, vice-président d'Unitis, l'une des fédérations des entreprises de Titres-Services, passer à 10 euros l'unité pourrait constituer un cap symbolique. Beaucoup de clients pourraient alors choisir d'avoir recours à une main d’œuvre non-déclarée. Olivier Leroux plaide aussi pour un abaissement du quota de 60% de chômeurs complets indemnisés parmi le personnel employé dans les sociétés de titres-services. Selon lui, ce quota est intenable car il n'y a pas suffisamment de chômeuses intéressées par le job sur le marché bruxellois. Les entreprises sont donc forcées de recourir à de la main d’œuvre étrangère.
Réduire le quota de chômeurs complets indemnisés
Geoffrey Gysels est le gérant de Proxihome Services. Sa société emploie 850 personnes. Selon lui, le secteur vit une profonde mutation. Beaucoup de petites sociétés sont actuellement contraintes de mettre la clef sous le paillasson. Un mouvement de concentration est en cours. Il permet de réaliser des économies d'échelle pour la gestion du secrétariat ou l'achat de vêtements de travail par exemple. Geoffrey Gysels plaide également pour un abaissement du quota de 60 % de chômeurs bruxellois à 30 %. Mais pour cela, il faudra encore convaincre Didier Gosuin or selon le ministre, l'argent public ne doit pas permettre l'importation" de main d’œuvre venue de l'est. "Avec 103.000 demandeurs d'emploi, souvent peu qualifiés, je ne peux comprendre que l'on ne trouve pas de personnel suffisant à Bruxelles".
Le ministre promet de la concertation, certes mais il promet aussi de ne pas faire de cadeaux. Des changements dans le fonctionnement des titres-services pourraient avoir lieu en 2016.
Véronique Fievet