"Malheureusement notre maison est pleine, nous n'avons plus aucune place" renchérit sa collègue, Nastasja Zambito. "J'ai appelé d'autres maisons maternelles, le Samusocial, mais tous les services sont remplis. On essaie bien sûr de trouver d'autres solutions mais la frustration est énorme".
"On est en manque de structures pour accueillir ces mamans. Elles doivent donc rester en famille, avec leur mari violent. C'est très problématique".
Pour Nastasja Zambito, il est urgent de créer de nouvelles places d'accueil. "Ca ne m'étonne pas qu'il y ait encore eu autant de féminicides récemment. Si on ne réagit pas, il y en aura encore".
Quel suivi pour les plaintes?
La prise en charge des victimes est régulièrement pointée du doigt. Face aux menaces et au harcèlement, Latifa a porté plainte à la police. Elle garde l'impression que cela n'a servi à rien. "Il n'y a aucun résultat. C'est comme si lui avait raison, et que moi j'étais fautive. C'est moi qui dois me cacher. Lui, il marche comme il veut".
Pour Josiane Coruzzi, directrice de Solidarité Femmes, c'est encore trop souvent là que le bât blesse. "Parfois, les choses vont trop loin car la police et la justice n'ont pas fait leur travail".
Dans trop de cas, la victime avait déjà porté plainte et il ne s'était rien passé
"Les policiers devraient être beaucoup plus attentifs au contexte de séparation. Si une femme porte plainte quand elle se sépare de son compagnon, cela devrait alerter les services, or c'est le contraire qui se passe. Pourtant, on sait que le contexte de séparation est en lien direct avec le féminicide".
Néanmoins, les associations l'admettent, du chemin a été parcouru. "Une vraie réflexion se met en place. Depuis un an, les policiers ont notamment à leur disposition une grille d'analyse de la dangerosité".