Bruxelles

Quatre banques s'unissent pour installer des distributeurs d'argent neutres, les parlementaires bruxellois sceptiques

Les futurs distributeurs de cash de Batopin, bientôt à Bruxelles

© DR

Par Philippe Carlot

Batopin est un consortium réunissant BNP Paribas Fortis, Belfius, la KB et ING. Son objectif est de redéployer le réseau de distributeurs de billets de banque, malgré la diminution de l'usage du cash dans la population. Si, dans certains quartiers, les distributeurs sont trop nombreux, dans d'autres, en revanche, ils manquent cruellement. 

Neder, désert bancaire

Neder-Over-Heembeek, entité faisant partie de la Ville de Bruxelles, est l'un des exemples d'endroit mal desservi en distributeurs de cash. Avenue de Heembeeck, nous interpellons plusieurs personnes devant la grande surface du quartier. "Où se trouve le distributeur de billets de banque le plus proche?" A chaque fois, la même réponse tombe : "A De Wand". De Wand, c'est à Laeken, à deux kilomètres à vol d'oiseau de l'endroit où nous nous trouvons. "Pour y aller, il faut prendre le bus", nous explique une jeune femme. "Mais je ne sais pas lequel". 

Un autre habitant décrit Neder comme "un désert bancaire" et se sent abandonné par les banques. Pour avoir du cash, il passe par la grande surface lorsqu'il y fait ses achats. Neder-over-Heembeek ne constitue pas une exception. Molenbeek, Forest, Anderlecht, Ganshoren ou Koekelberg se plaignent aussi d'un nombre insuffisant d'appareils. Et quand il y en a, quand ils ne sont pas en panne, ils sont souvent vides. 

Batopin expose son plan

Le CEO et deux cadres de Batopin ont été auditionnés par la commission des affaires économiques du Parlement bruxellois. Porte-parole du consortium, Vincent Bayer expose le projet : "Le but est évidemment de toujours mettre le bon nombre de distributeurs de billets pour éviter les files et faire en sorte qu'il y ait suffisamment d'approvisionnement d'argent. Et donc, l'idée est déployer un nouveau réseau neutre de distributeurs de billets, qui est dissocié de chaque banque en particulier. Et l'avantage qu'ils soient neutres, c'est de pouvoir choisir des emplacement qui ne soient plus choisis en fonction de là où une banque loue ses locaux mais bien là où les gens en ont réellement besoin". 

Batopin partira d'une page blanche. A l'arrivée, il y aura moins de distributeurs qu'actuellement, mais ils devraient être mieux répartis. Le consortium estime qu'en moyenne, un Bruxellois ne doit pas parcourir plus de 500 mètres à partir de son domicile pour trouver un point cash. Une fois le réseau Batopin déployé, cette distance ne devrait pas s'allonger de plus de 28 mètres. L'épure reste donc dans le cadre de "la ville à dix minutes" chère à la Région. 

Parlementaires pas convaincus

Qu'ils soient dans la majorité ou dans l'opposition, les députés bruxellois n'ont pas caché leur manque d'enthousiasme devant les projets du consortium. Pour le socialiste Marc-Jean Ghyssels, Batopin oublie toute une partie de Bruxelles : Forest, Anderlecht, Koekelberg, Molenbeek... Quant à la baisse du recours au cash invoquée pour diminuer le nombre de distributeurs, l'argument ne convainc pas l'ancien bourgmestre de Forest. C'est parce que les pratiques des banques ont fait en sorte que l'usage du cash diminue en automatisant les opérations et en réduisant le nombre d'agences, objecte-t-il. 

La députée CDh Véronique Lefranc est plus sévère encore. Pour elle, le plan de Batopin "n'est pas du tout en phase avec les attentes des Bruxellois. Il se fait même dans un déni total des réalités bruxellois". 

Un accueil plutôt tiède, donc, et à certains moments, carrément glacial. 

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