Quand une intelligence artificielle permet la découverte de nouveaux géoglyphes au Pérou

Dans la région de Nazca, les géoglyphes sont légion. Avec les quatre derniers venus, un total de 362 de ces tracés linéaires aux proportions gigantesques a été répertorié. On connaît les fameux dessins de colibri, de singe ou encore de poissons qui sont tellement gigantesques qu’ils ne sont visibles qu’en prenant de l’altitude.

Réalisés par le peuple Nazca, une culture plus ancienne que les Incas et qui a pris son essor entre le 3e siècle avant notre ère et l’an 800 après J.-C., ces dessins ont une signification qui reste toujours mystérieuse aujourd’hui. En lien avec des rites, avec un calendrier ou pour localiser des sources d’eau, les théories sont nombreuses quant à leur utilité pour les Nazcas.

Depuis 1927, date de découverte des premiers dessins, des géoglyphes sont retrouvés à intervalles réguliers, particulièrement depuis les années 2000 qui ont vu se développer des nouvelles technologies et méthodes de recherche. Avec l’avènement récent de l’intelligence artificielle, c’est un monde de possibilités qui s’ouvre aux archéologues. Une équipe de l’université japonaise de Yamagata a en effet utilisé le "deep learning" pour trouver presque automatiquement de nouveaux tracés.

Active depuis 2004 sur le site péruvien classé à l’UNESCO, l’équipe de l’anthropologue Makato Sakai a étudié les géoglyphes de long en large. Un institut de l’université est même uniquement dédié à la culture Nazca. C’est donc presque naturel que ce soit là que la méthode, pionnière en archéologie, ait été développée.

Mais c’est quoi, le "deep learning" ? Il s’agit d’un algorithme capable d’apprendre "en profondeur" et de reconnaître quelque chose de nouveau si on lui a montré des exemples. Concrètement, c’est en montrant à l’intelligence artificielle les données des glyphes déjà connus qu’elle a pu apprendre de quoi il s’agissait, et surtout à en trouver des nouveaux. En analysant des images aériennes du désert de Nazca, elle a ainsi pu trouver, toute seule et rapidement, les quatre dessins qui n’avaient pas été repérés par l’œil humain.

Les quatre figures représentent chacune quelque chose de différent : un humain qui tient une massue, un oiseau, un poisson et une paire de jambes. Les tailles de ces mystérieux dessins sont aussi surprenantes. Si le dessin de l’humanoïde ne mesure "que" cinq mètres, la paire de jambe s’étend sur pas moins de 78 m ! À se demander comment on a pu passer à côté durant tout ce temps…

En réalité, les glyphes ne sont pas forcément faciles à détecter. Leur grande taille les rend compliqués à identifier depuis le seul, ils ne sont pas tous distinguables de la roche désertique, et beaucoup ont subi les affres du temps. Parfois, c’est l’activité humaine environnante qui peut les abîmer sans même qu’ils aient été identifiés auparavant. Le tracé des routes et des pistes pour camions et voitures sont l’une des menaces qui peuvent détériorer irréversiblement des géoglyphes.

L’utilisation d’une intelligence artificielle pour les identifier plus facilement et rapidement est donc porteuse d’espoir. Au plus vite les glyphes seront retrouvés, au mieux l’on pourra protéger et comprendre cet héritage fascinant et toujours empreint de mystère.