On l'oublie parfois, mais les détenus sont aussi des papas ou des mamans
"Ce n'est pas rien pour un enfant de rentrer en prison et venir voir son parent. Comme ce n'est pas rien pour un parent de recevoir son enfant en prison", explique Mélissa Herman, qui depuis 7 ans encadre les visites en milieu carcéral.
Le Relais Enfants-Parents, ce sont 18 employés qui, depuis 22 ans, sont actifs à Bruxelles et en Région wallonne. 1400 dossiers ont été ouverts l'an dernier, et dans 1 cas sur 5, le parent détenu est une femme.
Adoucir le milieu carcéral
Des entretiens individuels avec les enfants, des visites en prison, un groupe de paroles entre parents détenus, ce sont les 3 axes de travail du Relais, dans le but de maintenir coûte que coûte le lien entre enfant et parent détenu.
Le Relais Enfants-Parents facilite l'accueil de l'enfant sur place, favorise le contact avec les autres enfants, aménage des espaces privilégiés pour la rencontre parent-enfant : un espace axé sur le jeu et la psychomotricité, un autre pour le bricolage, et un coin détente, lecture et câlins. L'objectif est d'adoucir le milieu carcéral, d'en atténuer la violence.
Sans oublier le travail d'acceptation de l'autre parent qui parfois conteste le droit du parent détenu à voir son enfant en prison. Le Relais est basé sur le point de vue de l'enfant, qui a le droit de voir ses 2 parents et n'a pas à être puni de l'incarcération de l'un d'eux.
Les psychologues du Réseau offrent aussi un accompagnement à l'extérieur, au quotidien. Il faut aider l'enfant à gérer ses sentiments d'angoisse, de gêne, de honte parfois, ou encore de culpabilité. Ça lui fait du bien de pouvoir s'exprimer. La parole est difficile. Le secret lourd à garder...
La plupart des établissements pénitentiaires accueillent favorablement le Réseau et reconnaissent l'intérêt et le sens de son travail. On constate en effet que les détenus sont plus calmes, plus motivés dans le processus de réinsertion.
L'enfant de détenu n'est pas assez considéré
En Europe, on compterait environ 0,5 million d'enfants de détenus, mais en Belgique, les chiffres sont flous. Bernard De Vos, délégué général aux droits de l'enfant, déplore le manque de volonté et d'aide systématique au niveau de l'accueil de l'enfant dans les prisons. "On ne tient pas compte de la situation familiale dans la détermination des peines et notamment, dans la détention provisoire, qui peut être un cataclysme pour les familles. Il y a une préoccupation centrée sur l'enfant qui n'existe pas. Il faut améliorer les moyens d'accueil dans les prisons et ça passe par l'engagement de personnel supplémentaire. Il y a très peu d'associations qui sont suffisamment reconnues pour ce travail."
Olga, une femme de détenu, témoigne : "L'enfant de détenu, ça reste un enfant de détenu. On associe l'enfant à la prison, au mal, à tout ce que ça véhicule de négatif. Et c'est terrible, même par rapport au détenu lui-même. Le papa de mon fils n'est pas un enfant de choeur, mais il est un papa formidable. Il n'a pas à être puni doublement. On ne tient pas compte non plus de l'avis de l'enfant. La structure prison n'est pas faite pour les enfants. Il y a eu des aménagements pour les femmes mais pas pour les enfants. C'est pour ça que ce type d'association est essentiel. (...) C'est difficile de se construire sans père." 1 enfant de détenu sur 3 connaît des problèmes de délinquance.