Comment mener une interview lorsqu’on ne parle pas la langue de son interlocuteur et qu’on ne peut pas s’appuyer sur un interprète ? C’est un défi que Sophie Mergen, journaliste à la rédaction de la RTBF, a dû relever récemment lors d’un reportage. Le thème : la sortie d’une nouvelle application smartphone qui aide les enfants sourds à apprendre à lire et à écrire. Le problème, c’est que Sophie ne "parle" pas la langue des signes. Alors, comment interviewer le public concerné ? On vous raconte les dessous de ce reportage.
Un interprète… via smartphone
Premier réflexe, chercher un interprète. Mais la tâche s’avère vite plus compliquée que prévu. "Il y a une pénurie d’interprètes en langue des signes en Belgique, explique la journaliste. J’ai fini par en trouver une, mais elle n’était disponible que pour ma première interview avec la Fédération Francophone des Sourds de Belgique." Une demi solution pour la journaliste qui avait aussi pris contact avec une famille malentendante afin de tester l’application. "J’ai d’abord imaginé faire lire mes questions aux parents, par facilité. Mais les experts m’ont vivement conseillé d’utiliser la langue des signes pour mettre mes interlocuteurs en confiance. J’ai donc profité de la présence de l’interprète à la Fédération des Sourds pour lui demander de me traduire les questions en langue des signes pendant que je la filmais avec mon téléphone". Des questions filmées, c’est le plan B. Fin de l’histoire ? Pas du tout.
Je ne comprenais rien aux réponses
Smartphone en poche, Sophie se rend ensuite au domicile de la famille du témoin et organise son interview en montrant la vidéo à ses interlocuteurs. "Le problème, c’est que je ne comprenais rien aux réponses, explique la journaliste. Impossible donc de rebondir ou même de poser des questions hors interview pour obtenir des informations utiles à la rédaction de mes commentaires."