Mais est-ce que le fait qu’il puisse quitter la prison est une forme d’avantage lié à son statut de repenti ?
Je pense que c’est parce qu’il a livré des informations dans le cadre du dossier, qu’il y a une relative collaboration, et que du coup, la chambre du conseil a accepté une modalité alternative à la détention préventive pure et dure. Donc est-ce lié à son statut de repenti ? Oui et non. C’est d’abord avant tout lié au fait qu’il collabore et qu’il s’est exprimé.
Quatre mois de préventive alors qu’il est le dirigeant présumé d’une organisation criminelle, qu’il puisse sortir alors que d’autres inculpés sont eux toujours en prison. Vous comprenez que ça puisse interpeller ?
La peine encourue pour avoir participé à de la corruption c’est 5 ans. 10 ans si on est considéré comme le dirigeant d’une organisation criminelle. Donc relativisons. On n’est pas en train de parler de quelqu’un qui encourt 30 ans devant une Cour d’Assises. Monsieur Panzeri est quelqu’un qui encourt une peine maximale de 10 ans et qui se retrouve finalement à faire 1 an de prison effective dont 4 mois dans un établissement pénitentiaire. Je vous rappelle que d’autres personnes qui ont été inculpées pour le même type de faits n’ont pas fait un jour de détention préventive. Je pense à l’affaire Kubla. Il vient d’être condamné à une peine de 3 ans avec sursis et n’aura jamais été en prison de sa vie. Je n’ai rien contre monsieur Kubla. C’est juste pour vous donner des éléments de perspective.
(NDLR : Serge Kubla a bien passé deux jours en détention préventive à la prison de Saint-Gilles en février 2015).
Vous dites que Pier-Antonio Panzeri collabore. Ça veut dire qu’il répond à toutes les questions du juge d’instruction ?
Il a été interrogé à 3 reprises sous statut de repenti. Une audition d’un repenti, c’est un discours libre, chronologique, qu’on a structuré avec lui et dans lequel il a expliqué comment les choses se sont passées, que ce soit pour le Maroc et le Qatar. Au départ, c’est l’histoire d’une amitié avec un ami marocain qui est sénateur. C’est défendre des idées, des idées qui étaient justes. Et puis au fil du temps, c’est de défendre ses idées autrement, d’être influencé par des gens que l’on rencontre, et se dire, tiens, pourquoi ne serais-je pas payé pour faire du lobbying. Et puis ce lobbying, ça devient de la corruption.
À quand remontent les premiers actes de corruption ? Qui est cet ami marocain ?
Ce qui peut être qualifié de corruption remonte au plus tôt à 2014. A cette époque ce sont plutôt des services rendus. On paye une fête pour pouvoir rassembler des gens en vue d’une élection. Alors à partir de quand est-ce un problème ? C’est là toute la question. Mais donc de 2014 à 2019, il y a eu une lente évolution et petit à petit des actes de plus en plus discutables.
Cet ami marocain, c’est Abderraman Atmoun, aujourd’hui diplomate en Pologne. Quelle est la nature de ses relations avec Pier-Antonio Panzeri ?
C’est vraiment une relation d’amitié. Mon client a d’ailleurs été invité plusieurs fois par monsieur Atmoun au Maroc. En fait, c’est finalement l’état marocain qui payait ça. Il s’agissait de beaux voyages d’une semaine dans des endroits luxueux. Et comme mon client était embêté par ces invitations, en retour, il l’a par exemple invité à Cuba lui et sa famille. Donc il y avait une équivalence. Et puis après, malheureusement, les choses ont évolué et il y avait des demandes qui étaient formulées par l’état marocain par l’intermédiaire de monsieur Atmoun.