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Qatargate, Olivier Vandecasteele, trafic de drogue : « La justice belge, sur plusieurs fronts, montre ses dents » affirme le ministre Van Quickenborne

L'invité de Matin Première : Vincent Van Quickenborne

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La justice belge s’illustre sur la scène internationale. Notamment dans le dossier du " Qatargate ", enquête sur la corruption au Parlement européen. La lutte contre le trafic de drogue passant notamment par le port d’Anvers fait aussi l’actualité. Vincent Van Quickenborne, le ministre de la Justice (Open Vld) était l’invité de Thomas Gadisseux et de François Heureux ce matin. Ils se sont penchés également sur le dossier iranien et les actions pour la libération du travailleur humanitaire Olivier Vandecasteele, retenu par Téhéran.

Qatargate : "le plus important, c’est qu’on puisse dévoiler la vérité"

La justice belge a négocié un accord avec Pier Antonio Panzeri. Celui-ci devient repenti et s’engage à collaborer avec la justice. Cette méthode est controversée et rare dans notre pays (il y a seulement un cas antérieur, dans le cadre d’une affaire concernant le football).

Le libéral flamand la justifie : " Parfois, on a besoin d’une telle méthode pour dévoiler toute la vérité. Cette méthode s’appelle Pentiti car on l’a utilisée pour briser la mafia en Italie. C’est une méthode que l’on peut utiliser, bien encadrée, bien conditionnée. Mais c’est une méthode avec laquelle travaille la justice (belge) ".

C’est toujours la justice, au final, qui décide du sort de l’inculpé 

Une enquête sur une affaire de corruption au Parlement européen qui fait trembler les murs, et qui a été initiée par la Belgique. Par la Sureté de l’Etat, plus précisément. " On est en train de doubler le nombre d’experts au sein de la Surêté de l’Etat. Sur la méthode, c’est le parquet fédéral qui décide de l’utiliser ou pas, mais finalement ce sera le juge qui va décider sur la peine. Donc même si on fait un mémorandum, c’est toujours la justice, au final, qui décide du sort de l’inculpé ". Et Vincent Van Quickenborne d’ajouter, concernant la méthode du " repenti ", parfois décriée : " Le plus important c’est qu’on puisse dévoiler toute la vérité. Et qu’au lieu d’avoir une personne avec une condamnation éventuelle, de l’élargir vers d’autres personnes, d’autres cas, et de là dévoiler toute la vérité. C’est ce qu’on a besoin. On parle quand même du cœur de la démocratie européenne. Et c’est la justice belge qui a eu l’audace de commencer cette affaire "

Qatargate : Pier Antioni Panzeri devient repenti et va collaborer avec la justice

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Olivier Vandecasteele au centre des préoccupations

Autre affaire sensible, celle qui concerne Olivier Vandecasteele. L’humanitaire détenu en Iran, condamné par le régime des Mollahs à 74 coups de fouet et à un total de 40 ans de réclusion, pourrait faire l’objet d’un échange avec un Iranien détenu en Belgique pour tentative d’attentat terroriste. Procédure qui a été bloquée par la Cour constitutionnelle.

" Olivier Vandecasteele est détenu depuis plus de 300 jours dans des conditions inhumaines. Il a été condamné à 40 ans et à des coups de fouets. Ce sont des méthodes médiévales. C’est totalement inacceptable. Notre collègue des affaires étrangères (Hadja Lhabib, ndlr) a demandé des comptes à l’ambassadeur iranien. Il n’a même pas pu répondre à cette question-là ".

Et le ministre de la justice d’affirmer : " Je suis très clair là-dessus, on va tout faire pour libérer Olivier Vandecasteele ". Il dit néanmoins vouloir respecter la légalité. " On est dans un état de droit. On va le respecter. Mais on fera tout pour le libérer ". Une volonté qui passe donc par la Cour constitutionnelle : " On a renforcé notre équipe juridique pour plaider devant la Cour constitutionnelle. Toutes les pistes constitutionnelles légales seront explorées pour le libérer ".

On va tout faire pour libérer Olivier Vandecasteele

D’autres pistes auraient été suivies pour la libération du Belge détenu en Iran. On parle d’argent notamment… Mais pour le libéral flamand, c’est motus et bouche cousue. " C’est un travail très délicat. On parle ici d’une vie et d’une personne. Mais je parle aussi ici de la vie de 200 Belges iraniens qui se trouvent sur place, de nos diplomates… Il faut être conscient que nous sommes dans une phase très délicate. Et je n’exclus pas qu’il y ait encore d’autres enlèvements de Belges sur place."

Pour le ministre, son homologue des affaires Etrangères, qui, selon lui, " s’investit pleinement ", pourrait se rendre en Iran " s’il y a suffisamment d’avancées dans le dossier ". Les ministres décideront au moment opportun, précise-t-il.

Je n’exclus pas qu’il y ait encore d’autres enlèvements de Belges sur place

Sujet JT du 15 janvier :

Anvers, capitale du trafic de cocaïne

La lutte contre le trafic de drogue en Belgique, et notamment dans le port d’Anvers, continue aussi à faire bien des vagues. Le ministre, menacé de représailles, a même été contraint de se protéger, lui et sa famille. " On a dû se mettre dans une safe house pour la deuxième fois " confirme-t-il. " La première fois c’était fin septembre pour une semaine. Maintenant ça a été pour un mois. Une période difficile, surtout pendant les fêtes. On a pu sortir depuis une semaine. Mais nous sommes toujours sous haute protection parce que la menace existe toujours ".

Le top de la mafia (...) commence à s’inquiéter

Vincent Van Quickenborne justifie l’action des services de police et de justice. Grâce au démantèlement notamment du réseau de communication Sky ECC, qui a permis le démantèlement d’une partie de la filière du trafic de drogue, " on a montré les dents " dit-il. " Chaque jour, chaque semaine, il y a des gens qui sont condamnés, qui sont arrêtés. Des centaines de personnes sont dans nos prisons à cause de cette affaire. Et le top de la mafia – qui se cache à Dubaï et dans d’autres endroits — commence à s’inquiéter. Ils donnent des coups. Mais moi je ne vais pas me laisser intimider ! "

« Briser les business models »

La lutte contre le trafic de drogue devrait durer longtemps, selon lui. Mais l’espoir est au bout du chemin. Et le but de la manœuvre est de " briser le business model " des trafiquants. Pour le moment, selon le ministre, qui cite les chiffres d’Europol, 11% du trafic de cocaïne est touché à Anvers. Un objectif pour porter un coup décisif au trafic serait d’attendre les 20%.

Ce n’est pas qu’une affaire anversoise. C’est une affaire belge. Une affaire européenne

Pour cela, des actions concrètes vont être entreprises. Un contrôle renforcé des containers à hauts risques (passer du scannage de 40.000 containers par an à 400.000). " Il faut aussi travailler à rendre les containers plus intelligents ". Pour cela, une réunion avec les cinq plus importants armateurs du monde est prévue. Troisièmement, il y a l’extradition des criminels se trouvant aux Emirats arabes Unis, ce qui fait l’objet de discussions avec le pays du Golfe.

Pour le Courtraisien, la lutte contre ce trafic de psychotropes intervient dans un cadre plus large de celui du seul port d’Anvers. " Aujourd’hui les plus grands problèmes se posent à Anvers […] Maus ce n’est pas qu’une affaire anversoise. C’est une affaire belge. Une affaire européenne ". A ne surtout pas minimiser.

Et dont les conséquences et représailles du " milieu " continueront. " Il y aura encore des tragédies. Il y aura encore des attentats dans notre pays ". Un risque bien présent. " Ce qu’on a appris de l’Italie c’est que finalement on a pu briser le modèle de la mafia. Mais il faut de la persévérance, de la conviction, des investissements. Et c’est ce que fait ce gouvernement ". L’affaire Sky ECC date de l’automne 2020. " On a mis énormément de moyens, de personnes supplémentaires. Et grâce à ça, la justice peut montrer ses dents ".

Il y aura encore des tragédies. Il y aura encore des attentats dans notre pays

Pour ce qui est des consommateurs de cocaïne, pour le ministre " les consommateurs sont co-responsables ". Les amendes vont être dans le futur plus élevées. Des procédures de désintoxication seront aussi implémentées dans des villes comme Charleroi ou Namur. Ce seront des alternatives aux peines de prison. " Ce n’est pas seulement le répressif qui va résoudre l’affaire " note-t-il.

Mesures pour lutte contre la drogue à Anvers

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Tueries du brabant : des délais de prescription revus

Sur l’arrestation du gendarme Robert Beijer en Thaïlande, dans le cadre du dossier sur les Tueries du Brabant, le ministre de la Justice ne se prononce évidemment pas. Mais stipule : " la justice belge, sur plusieurs fronts, montre ses dents ". Selon lui, les délais de prescription devraient être revus afin de pouvoir enquêter encore sur cette affaire qui a secoué le pays dans les années 80. Notamment par respect pour les victimes des attaques mortelles.

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