Comme lui, une centaine de milliers de Turcs
Une centaine de milliers de Turcs ont ainsi été exclus des services publics depuis le 16 juillet 2016, date de l’instauration de l’état d’urgence au lendemain du coup d’état manqué.
Il s'agit d'un putch déjoué mais qui, depuis 2 ans, justifie une foule de restrictions, de licenciements et d’arrestations. Un décret a coûté sa place à ce médecin qui figurait était à la 689e place.
Ceux dont les noms sont sur les listes, comme épinglés sur la place publique, peuvent avoir du mal à retrouver du travail, des clients dans le privé, peuvent se retrouver stigmatisés, a fortiori s’ils évoluent dans un environnement Pro-Erdogan, le président Turc.
"Exclu pour mes idées"
Dans ces listes, figurent effectivement de nombreux "Gulénistes", des personnes liées au mouvement du prédicateur Fethullah Gülen, au cœur de la tentative du coup d’état.
Mais l’absence de motifs mentionnés, la facilité avec laquelle un décret permet d’écarter un fonctionnaire de l’État, et de le remplacer, laisse la porte ouverte à des exclusions "choisies", qui n’ont rien à voir avec le putch manqué.
"C’est ce qui m’est arrivé", dénonce ce médecin. il en est certain:"J’ai été exclu pour mes idées, et mon activisme".
Syndicaliste marxiste et pro-kurde
Ferda Koç a, au compteur, 40 ans de militantisme de gauche.
Marxiste depuis l’université, engagé dans l’association "la maison du peuple" (en turc : "halkevleri" ), rédacteur pour le site internet "sendika62.org", il a des idées trempées à gauche et les partage largement.
"Cela m’a valu, en 40 ans, des problèmes à répétition", mais il en sourit : "je me dis que cela fait partie de l’engagement".
Sa formation de médecin, il l’a achevée par un stage imposé à l’hôpital public de Dyiarbakir, dans le sud-est de la Turquie, ville majoritairement kurde et où les sympathies pour le groupe terroriste PKK sont courantes.
Ensuite, il a travaillé dans un hôpital public de la région d’Istanbul, mais il est convaincu que c’est son stage à Dyiarbakir qui lui vaut sa mise au ban.
"Dans les régions kurdes, les cibles des licenciements depuis le coup d’état sont plutôt des gens qualifiés, de l’opposition de gauche" estime-t-il. "Et j’ai perdu ma place dans cette vague-là. Je m’y attendais… J’avais vu d’autres collègues avant moi, pourtant moins engagés, quitter leurs postes après vu leurs noms publiés par décret. Je me disais que mon tour viendrait".