Belgique

PS-MR, la bataille du sérieux

Les coulisses du pouvoir

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Par Bertrand Henne via

Et si cette dernière année électorale était celle du sérieux ? En tout cas PS et MR semblent tous les deux mener une offensive pour démontrer à l’opinion qu’ils sont des partis sérieux. Ils font tous les deux le constat qu’ils ont un déficit de crédibilité à combler.

Le zizi du président

Commençons par le MR. Il organise aujourd’hui un événement tout à fait inhabituel, une conférence de presse à la Chambre. Elle s’intitule : le MR présente ses grandes réformes structurelles en matière de fiscalité, budget, pensions et emploi. Georges-Louis Bouchez le président, sera accompagné de David Clarinval et de Willy Borsus, respectivement vice premier fédéral et Wallon.

Un événement qui doit afficher les priorités du MR pour l’année à venir avant les élections et qui doit afficher surtout une certaine unité du parti. Objectif : une tentative de retour au sérieux qui doit combler un déficit important de crédibilité dans l’opinion. Une crédibilité largement érodée par les affres communicationnelles du président Georges-Louis Bouchez. Le constat est désormais assez largement partagé dans le parti : Le fameux “colle ton zizi à la barre” de cette piteuse émission de téléréalité efface quasiment tous les gains que le parti pouvait espérer tirer de ses participations aux différents gouvernements.

Visibilité et crédibilité

Le MR n’est plus considéré comme un parti sérieux ? En tout cas, il l’est moins qu’avant, c’est une certitude. Le “colletonzizigate” a un effet dévastateur parce qu’il semble couronner trois années de communication présidentielle entièrement tournée vers des gains de visibilité à tout prix. C’est de ce point de vue une réussite totale, mais des gains qui se font au détriment de la crédibilité. L’image médiatique de Georges-Louis Bouchez tient plus du bouffon que du président libéral.

Or, de Jean Gol en passant par Antoine Duquesne, Didier Reynders, Olivier Chastel, Louis et Charles Michel, les présidents libéraux ont toujours essayé de se présenter à l’opinion comme des hommes sérieux et pragmatiques. Depuis Gol, les libéraux tentent d’incarner le sérieux budgétaire, le sérieux des réformes structurelles, le sérieux économique face à une gauche wallonne considérée à l’inverse comme peu sérieuse, dépensière, idéologique et coupée des réalités. Cette longue tradition, cette marque de fabrique s’efface aujourd’hui derrière la marque Bouchez qui ruisselle dans tout le parti. Il reste donc un an pour changer de cap.

Reconquête

Côté socialiste aussi on est en recherche de sérieux. Le PS est accusé, surtout au Nord, d’être un facteur de blocage, de suivre le PTB aveuglément. La figure du président n’aide pas non plus. Paul Magnette n’a pas essayé de coller son zizi à la barre, mais il a évoqué avec légèreté la disparition de l’e-commerce ou la différence entre les chômeurs wallons et flamands. Il est lui aussi en reconquête de crédibilité.

C’est dans ce sens qu’on doit comprendre le débat somme toute très policé entre Philippe Close, bourgmestre de Bruxelles PS et Bart de Wever, bourgmestre d’Anvers, N-VA. En ce sens qu’on doit comprendre la campagne de Thomas Dermine auprès des patrons flamands. En ce sens aussi qu’on doit comprendre la proposition de réforme des pensions de Karine Lalieux.

Pour l’année à venir, le PS va chercher à retrouver de la crédibilité, à incarner le sérieux face à un PTB qui joue les Robin des Bois et n’a pas vocation à gouverner et un MR qui, selon la phrase de Paul Magnette hier, est “devenu le boulet du gouvernement fédéral”.

Le sérieux, c’est justement, la stratégie que François Ruffin, figure de la Nupes en France, proposait à la gauche européenne dans un débat auquel participait Paul Magnette il y a quelques jours. Voici ce qu’il disait : "Les néolibéraux sont aujourd’hui le parti du désordre ; et il faut qu’on se présente comme étant le parti de la stabilité, le parti d’une protection apportée".

Dans cette dernière année qui s’annonce, le PS ne cessera de jouer cette carte, de se présenter comme le parti du sérieux contre le MR (et aussi contre le PTB); et le MR devra contrer cette image en réinvestissant le sérieux que son président a délaissé. Oui, le sérieux sera peut-être bien au centre de cette campagne 2024.

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