Cette proposition de loi reconnaît, notamment, que la prostitution peut être exercée de manière volontaire. Une première dans notre pays.
"Cherche serveuse" peut-on lire sur la façade de ce bar à vitrines, le long d'une nationale flamande. Car les 10 prostituées qui travaillent pour ce gérant de bar à vitrines sont officiellement des serveuses, déclarées comme indépendantes.
C’est là qu’intervient la proposition de loi du MR qui prévoit la création d'un statut de "prestataire de services sexuels".
L'objectif de cette initiative est d’amener davantage de prostituées à se déclarer. Et ainsi de faciliter la distinction entre prostitution assumée, et exploitation.
Mais sur le terrain, gérants de bar, policiers et travailleurs sociaux n’y croient guerre. "Si 10 % de filles se déclarent ce sera une réussite", nous dit-on.
Pour Sonia Verstappen, qui a quitté le métier l'année passée, le texte a le mérite d'ouvrir le débat, mais c'est tout. Le constat est le même du côté des asbl de terrain où l’on reproche au texte d’omettre de parler des droits des prostituées.
La montée d'un courant abolitionniste
La Belgique fait partie de ces nombreux pays d'Europe, comme la France, l'Espagne ou la Grande Bretagne, où la prostitution est tolérée, mais sans être réglementée. Aux Pays-Bas, en Allemagne, en Suisse, en revanche, c'est un secteur très réglementé où prostitution et maisons closes sont légales.
S'ajoute un courant abolitionniste qui s'est propagé depuis la Suède il y a 12 ans pour gagner ensuite la Norvège et l'Islande. Son but est de supprimer la prostitution en pénalisant le client. Quentin Deltour, de l'asbl Espace P est opposé à ce système abolitionniste: "En Belgique, le cdH avait proposé une loi inspirée du modèle suédois l'année passée. Ici, la proposition de loi du MR se distancie clairement de cette approche". Et c'est bien le but du groupe MR: ouvrir le débat, pour mieux distinguer exploitation et traite des êtres humains d'une part et prostitution volontaire de l'autre.
Odile Leherte