Promotions d'hiver : pourquoi hésite-t-on entre dire "un" ou "une solde ?

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Par Esther François

Si vous croisez un jour des affiches publicitaires promouvant des "soldes avantageuses", vous pourrez souligner l’erreur. En effet, si le genre masculin ou féminin importe peu pour profiter des soldes d’hiver (se déroulant du lundi 3 janvier au lundi 31 janvier 2022), la distinction sémantique s’avère en revanche importante.

Définition et étymologie

Lorsque vous ferez plaisir à votre portefeuille en profitant d’avantages financiers, on parlera "d’un" solde avantageux car il rejoint bien la catégorie des noms masculins. Pour le féminin, "la" solde désigne le traitement d’un militaire : toucher sa solde ou être à la solde de quelqu’un (défendre quelqu’un par intérêt et non par conviction).

C’est par souci de distinction que le genre masculin l’a emporté. C’est d’ailleurs ce que nous confirme Michel Francard, professeur à l’UCLouvain, qui nous renvoie à une chronique de 2017. Il nous donne plus d’informations sur ce nom provenant du latin :"Le féminin solde et le masculin solde ont de lointains rapports étymologiques, via la famille du nom sou issu du latin populaire  sol (i) dus. Celui-ci, employé nominalement désignait une pièce d’or. S’y rattachent en rapport avec solde féminin, le verbe soudoyer "payer une solde" et le nom soudard "celui qui a été engagé (pour combattre) contre le paiement d’une solde". Par la suite, ce mot va encore connaître des changements :"En moyen français, cette forme a été progressivement remplacée par soldat, emprunté à l’italien soldato, lui aussi dérivé de sol (i) dus. Le masculin de solde a suivi un chemin parallèle : il a été emprunté à l’italien soldo, de la même famille."

Il n’est cependant pas étonnant de faire encore l’erreur sur le genre de ce mot qui, en plus de partager la même racine latine, possède la même forme écrite et la même prononciation (également appelé homonyme). La faute est aussi courante jusqu'au 18ème siècle :"Il n'est donc pas étonnant de constater une hésitation chez les lexicographes, jusqu’à la fin du 18e siècle, dans l'attribution du genre [...]. L'académie française ne tranchera en faveur du masculin que dans la cinquième édition (1798) de son Dictionnaire", écrit Michel Francard.

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