Vingt et unième semaine, 79e jour d’audience au procès des attentats du 13 novembre 2015. C’est la dernière semaine d’interrogatoire des accusés sur leur pratique religieuse, leur radicalisation et, plus généralement, sur les faits jusqu’à l’été 2015. Place aujourd’hui à Salah Abdeslam. C’est la deuxième fois qu’il doit répondre aux questions de la cour d'assises de Paris. En novembre dernier, le seul survivant du commando terroriste s’était prêté à l’exercice en donnant des éléments sur son parcours scolaire, professionnel et familial. Sera-t-il aussi poli, posé et prolixe sur les questions de radicalisation ? Réponse lors de l’audience qui commencera à 12h30.
Salah Abdeslam était-il radicalisé au moment des attentats ? L’homme, lui-même, s’est qualifié de "combattant de l’État Islamique" à l’ouverture du procès en septembre dernier. Une profession de foi qu’il avait déjà prononcée lors de son procès en 2018 à Bruxelles pour la fusillade de la rue du Dries. À l’époque, il déclarait placer sa confiance en Dieu.
Psychiatre et radicalisation
Cette foi est d’ailleurs évoquée dans un rapport d’expertise rédigé par deux psychiatres mandatés par la cour d'assises. Depuis 2016, Salah Abdeslam refusait toute expertise. Il a finalement accepté de rencontrer les deux hommes une seule fois alors que le procès avait déjà commencé. L’entretien a duré deux heures et demie.
On peut lire dans le rapport d’expertise que Salah Abdeslam s’est enfermé dans "un arsenal idéologique et pseudo-religieux de justifications, de légitimations et d’alibis". Salah Abdeslam s’accrocherait à "ce carcan qui ne permet pas véritablement de demi-mesure. Ou bien il s’y accroche et se protège grâce à lui. Ou bien, il risque d’être confronté à l’effondrement dépressif". Autrement dit, la religion devient la bouée de sauvetage d’Abdeslam sans laquelle il aurait du mal à justifier les atrocités des attentats.
Est-ce que le seul survivant du commando terroriste répondra aux questions de la cour sur sa pratique religieuse ? Ce n’est pas sûr. L’homme se montre systématiquement pudique, voire mutique lorsqu’il s’agit d’aborder des questions d’ordre personnel.